Une grève des fonctionnaires de l'état civil a paralysé, durant toute la journée d'hier, la mairie de Tizi Ouzou. La réponse était massive à l'appel de la section syndicale Ugta qui dénonçait, dans une déclaration rendue publique, le marasme dans lequel se trouvent les employés de cette institution. Cet arrêt de travail, bien qu'assumé par les syndicalistes, se trouve motivé par les incidents graves qui sont survenus, la veille, mardi. Une employée au guichet de l'état civil ainsi que plusieurs autres personnes ont été blessées dans des bagarres qui ont éclaté à l'intérieur même de la mairie. Parallèlement, des groupes de citoyens sont venus témoigner des agressions qu'ils ont subies au niveau de la mairie pour avoir demandé des explications aux agents de l'état civil. Hier après-midi, la tension régnait encore devant le portail de l'institution fermée jusqu'à nouvel ordre. Aucun affichage ne figurait sur les murs pour avertir les citoyens de la grève. Ils venaient de toutes les communes de la wilaya pour des documents administratifs. D'autres affirmaient être venus des wilayas limitrophes comme Boumerdès Bouira et Béjaïa pour des extraits d'acte de naissance n°12. Ils sont tous retournés bredouilles. «Dans une chaleur pareille, je vais devoir revenir encore une énième fois de Boumerdèes», se lamentait un jeune qui a assuré être venu plusieurs fois sans que le document recherché ne lui soit délivré. Sur les lieux, des présents témoignaient que la mairie était ouverte aux premières heures de la journée. Ce n'est que plus tard que la fermeture est survenue. Cependant, la situation qui prévalait hier n'est pas une nouveauté à la mairie de Tizi Ouzou. Ces dernières années, cette institution s'est taillé une sale réputation. L'année 2009 été marquée par des démêlés de plusieurs employés avec la justice pour des affaires de corruption. L'ancien maire, en fuite, a d'ailleurs été condamné à une lourde peine de prison pour faux et usage de faux dans des affaires de foncier. Quotidiennement, les guichets sont débordés par les foules qui attendent des documents. Certains affirment attendre depuis un mois pour se faire délivrer un acte de naissance n°12. «Moi, on m'a proposé de payer 300 DA pour me faire délivrer un document», affirmait un autre, prêt à affronter certaines personnes devant le tribunal. A cela s'ajoutent les fautes d'orthographe commises par ces agents de l'état civil. Aujourd'hui, cette situation délétère commence à porter ses effets néfastes. Lassés et exaspérés, certains citoyens n'hésitent pas à commettre des actes violents devant les guichets. Ce qui rajoute à la colère des populations, c'est également l'absence d'initiatives visant l'amélioration des conditions et des services. L'on se demande d'ailleurs quelles sont les raisons qui empêchent l'informatisation de l'état civil alors que de petites communes sont déjà passées à l'informatique. Enfin, tout le monde estime que la mairie de Tizi Ouzou a fini par battre tous les records de la bureaucratie. Cette institution est rongée par un mal qu'il faut combattre avant qu'il ne soit trop tard. Par ailleurs, hier à Aïn Zaouïa, les villageois de Bouaza ont procédé à la fermeture du siège de la mairie durant toute la journée. Les contestataires demandaient à rencontrer les responsables locaux pour dénonçer le laisser aller et le marasme qui règne dans leur village. Le manque d'eau, l'assainissement et les pistes en état de dégradation, sont les principaux griefs reprochés aux élus.