Les soirées artistiques du mois de Ramadhan se suivent et ne se ressemblent pas au niveau de la grande salle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. La semaine dernière, c'était au tour du chanteur, très estimé par la jeunesse de la région, Mourad Guerbas, d'enflammer une salle pleine à craquer. Il y avait peut-être plus de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur de la salle. La majorité de ceux qui sont venus partager deux heures avec leur chanteur fétiche n'ont pas eu la chance d'accéder à la salle. La police a eu beaucoup de mal à contenir une grande foule de jeunes déterminés à faire des pieds et des mains pour ne pas rater Mourad Guerbas. Pendant plus de trois heures, les policiers ont vraiment sué afin de gérer une situation des plus délicates. Les jeunes, âgés entre 15 et 25 ans, ne voulaient rien entendre. Pour eux, il fallait assister au spectacle coûte que coûte. Mais malheureusement, il ne restait aucun centimètre carré de libre à l'intérieur de la salle. D'ailleurs, en mettant les pieds sur scène, Mourad Guerbas a présenté ses sincères excuses au nombreux public resté dehors. «Je suis vraiment désolé. La prochaine fois, je vous promets que ce sera au stade», a-t-il affirmé devant plus d'un millier de personnes entassées comme dans une boîte de sardines. La majorité de l'assistance était constituée de jeunes de moins de vingt-cinq ans. Il s'agit donc d'une nouvelle génération de Kabyles qui veut s'éclater avec des chansons rythmées que Mourad Guerbas affectionne particulièrement. Le public connaissait par coeur les chansons de Mourad Guerbas. Plus d'une fois, le chanteur de Larbaâ Nath Irathen a tendu le micro à ses fans pour que ces derniers reprennent en choeur des refrains entiers. L'ambiance était parfaite et électrique. Le public, dès la première chanson, s'est levé comme un seul homme, car peut-on rester assis avec un gala de Mourad Guerbas? C'est dire qu'il a mis le feu à une salle de spectacles qui gagnerait à être remplacée par une autre plus grande, car désormais la salle de la Maison de la culture ne peut plus accueillir certains chanteurs qui ont un grand public à l'instar de Mourad Guerbas, mais aussi de tant d'autres. Le chanteur Mourad Guerbas était accompagné de musiciens, tout aussi dynamiques et talentueux que lui. La salle n'a pas cessé de demander les titres des chansons préférées comme Lmektub iw, Mumu bwalen iw, Je pense à toi, Nemsebgha, Faredj Arebbi, Amek arakhedmagh... C'est un public surexcité que celui de Mourad Guerbas. Pleins de fougue et d'énergie, les jeunes ont créé un climat que les plus âgés, présents dans la salle, sûrement par inadvertance, pouvaient à peine supporter. Mourad Guerbas confirme, à travers ce spectacle, qu'il est le chanteur des jeunes. Ce qui ne l'a pas empêché, au demeurant, de marquer une halte au milieu du spectacle: «Je ne peux pas animer un gala sans avoir une pensée à notre aîné Matoub Lounès. C'est avec ses chansons que nous avons grandi. J'essaierai donc de vous interpréter l'une de ses chansons», a-t-il affirmé. La salle explose de nouveau à l'évocation du nom de Matoub. Mourad Guerbas se lance alors dans la chanson El Amriw, où Matoub décrivait les événements d'octobre 1988 tels qu'ils ont été vécus en Kabylie et sa douleur et sa solitude d'être sur un lit d'hôpital, à l'étranger de surcroît, au moment où les siens luttaient pour la liberté et pour leur langue maternelle. Mourad Guerbas a aussi tendu une nouvelle fois le micro au public qui reprenait des passages entiers de la chanson de Matoub. Le spectacle s'est poursuivi jusqu'à une heure du matin. Quand les jeunes quittèrent la salle, on croirait qu'ils venaient de sortir d'une piscine, tant la sueur trempait leurs maillots. Un gala de Mourad Guebas, ce n'est pas seulement du chant, c'est aussi du sport!