Le recours aux prévisions scientifiques à l'aide d'instruments d'optique est devenu, désormais, une tendance non seulement en Algérie mais partout dans le monde musulman. A chaque fois que l'Aïd approche, le doute s'installe. Comme à chaque année, la date déterminant le jour de l'Aïd est accompagnée par une vague de polémique. Après la polémique sur la date du début du mois sacré de Ramadhan, le même doute entoure la date de l'Aïd El Fitr. Ce sera quand l'Aïd? On jeûnera 29 ou 30 jours cette année? Les jeûneurs se posent des questions et attendent des réponses. Qui est habilité, donc, à répondre aux interrogations des jeûneurs? Officiellement, seul le Comité du Croissant lunaire du ministère des Affaires religieuses est habilité à émettre une fatwa sur la date de la rupture du jeûne. Mais, la communauté scientifique, notamment les chercheurs en astronomie, n'attendent pas le verdict dudit comité pour se prononcer sur la naissance de la lune. Pour les scientifiques, la date de la jonction de la lune peut être déterminée scientifiquement sur de nombreuses années. La nouveauté cette année en Algérie, est le fait que pour la première fois tous les scientifiques sont unanimes à donner, demain vendredi premier jour de l'Aïd. L'association Sirius d'Astronomie de Constantine, Loth Bonatiro, le Craag et même le ministre des Affaires religieuses, M.Ghlamallah, avaient exclu toute éventualité de fêter l'Aïd jeudi. Le ministre a rejoint, ainsi, les scientifiques qui sont unanimes à affirmer que l'Aïd aura bel et bien lieu vendredi. Les scientifiques ont bien avancé le même argument, à savoir: la majeure partie des pays musulmans a débuté le jeûne du mois de Ramadhan le mercredi 11 août, et la nuit du doute a été fixée pour le 8 septembre où il serait impossible d'observer le croissant lunaire, non seulement dans le monde musulman, mais également dans les continents asiatique, africain et européen du fait du coucher de la lune avant celui du soleil. Selon cette thèse, les musulmans du monde entier sont obligés de compléter le mois de Ramadhan à 30 jours et fêter l'Aïd-el-Fitr vendredi. Les amateurs d'astronomie ont affirmé qu'il n'y a aucune chance d'observer le croissant lunaire jeudi soir. Avec des termes plus clairs, M.Zeghouani Nassim, chef du département astronomie et astrophysique au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique, Craag, a, dans une déclaration à L'Expression, confirmé hier, une fois de plus, qu'«il est clair que pour la nuit d'aujourd'hui, (mercredi, Ndlr), il est impossible de voir le croissant lunaire partout dans le monde et essentiellement en Afrique. La lune se couche avant le soleil, demain jeudi, (aujourd'hui, Ndlr), on pourra la voir dans la partie sud du pays», a-t-il affirmé. Ce qui ressort des déclarations des scientifiques est le fait qu'avec la science, on est en mesure de mettre fin au doute qui caractérise le monde musulman concernant le début et la rupture du jeûne. Ce qui explique l'implication du ministre des Affaires religieuses dans ces calculs. M.Ghlamallah s'est illustré par sa déclaration, unique du genre. Il reste à savoir si la démarche du représentant du gouvernement n'est pas un signe annonçant la transition de la vision de la lune à l'oeil nu vers les prévisions scientifiques à l'aide des instruments d'optique. Il n'est pas à écarter que dans quelques années, on pourra inclure les dates du début du Ramadhan et de l'Aïd dans le calendrier de la même sorte que les autres fêtes nationales et/ou religieuses. Le monde musulman, et non seulement l'Algérie, se dirige de plus en plus vers la vision avec des instruments d'optique. Les scientifiques qui prévoient, des mois à l'avance, les éclipses solaires et lunaires, sont en mesure de faire de même avec le Ramadhan et l'Aïd.