La menace terroriste sur les Etats-Unis a changé de nature, elle est de plus en plus intérieure. La menace terroriste dans le monde demeure omniprésente. Même si les attentats ont considérablement reculé depuis 2008, le risque est cependant très consigné de par le monde. Un fait sur lequel l'Algérie a toujours insisté, que ce soit dans ses rapports internes ou externes, soulignant à chaque fois que le phénomène n'est pas spécifique à l'Algérie et que cette mouvance terroriste est transnationale. L'Occident se croyant à l'abri de cette menace, refusait jusqu'au 11 septembre 2001 d'admettre cette réalité. Et il est encore difficile pour ceux-là mêmes, jusqu'à présent, de se rendre tout simplement à «l'évidence». Si la France aujourd'hui classe cette menace sur son propre territoire au même niveau qu'en 1995, les USA semblent plus conscients des risques terroristes qui préoccupent le monde. La Russie vient de vivre, en fin de semaine dernière, un terrible attentat, prélude à une série interminable. Pour preuve, Bernard Squarcini, directeur de la direction centrale du renseignement intérieur (Dcri), a rappelé que la menace planant sur la France est au même niveau qu'en 1995 soulignant dans ce même contexte: «La France fait l'objet d'un intérêt très particulier de certains mouvements islamistes radicaux.» Les arguments avancés par ce directeur dans un entretien accordé au Journal du Dimanche sont dus entre autres, à sa présence militaire en Afghanistan et au débat sur le voile intégral. Le patron du contre-espionnage donne cet exemple en référence à l'année de l'attentat commis à la station de RER Saint-Michel à Paris. Et d'ajouter: «Tous les clignotants sont au rouge...La menace qui pèse sur la France est triple.» Dans sa perception de cette menace Bernard Squarcini la situe chez «le Français converti qui se radicalise et monte son opération seul, Al Qaîda au Maghreb islamique, qui dépêche un commando pour commettre un ou des attentats en France, ces Français qui partent en Afghanistan ou au Yémen, demain en Somalie et qui reviennent clandestinement, aguerris, pour poursuivre leur combat sur le sol». Cela constitue à ses yeux des risques à prendre au sérieux. Une affirmation qui signifie d'ailleurs, que la menace vient aujourd'hui de l'intérieur des pays occidentaux mêmes. C'est ce que vient de confirmer un rapport signé par Peter Bergen et Bruce Hoffman deux anciens membres de la commission d'enquête sur les attentats de 11 septembre 2001, qui considèrent que «la menace à laquelle les USA sont confrontés est différente; le risque terroriste aux USA a changé de nature et la menace est de plus en plus une menace intérieure» Ce rapport, publié vendredi dernier, soit neuf ans après les attentats du 11 septembre et intervient à un moment très délicat coïncidant étrangement avec un contexte où la première puissance mondiale s'interroge justement sur les relations entre les religions les plus pratiquées dans le monde, notamment la polémique relative à la construction d'un centre culturel islamique non loin de Ground Zero à New York et la menace du pasteur Jones de brûler des exemplaires du Saint Coran. Il en demeure pas mois que les auteurs de ce rapport, rendu public par Bipartisan Policy Center, soulignent que «les Etats-Unis aujourd'hui, diffèrent peu de l'Europe pour ce qui est de l'existence d'un problème terroriste intérieur impliquant des musulmans immigrés ou autochtones ainsi que des convertis à l'Islam». Le même rapport indique qu'au courant de l'année 2009, les USA ont constaté que neuf ans après les attentats du 11 septembre 2001, qu'Al Qaîda et les groupes armés qui lui sont affiliés au Pakistan, en Somalie ou au Yémen sont parvenus à créer un embryon de structure de recrutement sur le territoire même des Etats-Unis. De ce fait, le profil «cliché» selon lequel tout terroriste est arabe, n'est plus d'actualité. A titre d'exemple, ils citent le nom de David Headley qui aurait un lien direct avec les attentats de Bombay. Les auteurs du rapport avertissent sur la présence à des postes clés de personnes susceptibles de constituer une menace. Le rapport met la lumière aussi sur des risques d'attentats contre des cibles difficiles à protéger sans pour autant donner la moindre précision. Il est désormais clair que nul n'est à l'abri d'un attentat terroriste, que ce soit la France ou les USA, deux puissances mondiales qui sont confrontées à un terrorisme «interne» au même titre que l'Algérie ou les pays du Sahel, la Somalie, le Pakistan ou l'Afghanistan.