Les frais supplémentaires pour chaque bateau en séjour prolongé, ce qu'on appelle les surestaries, varient entre 8000 et 15.000 dollars par jour. Les dockers contestent, l'opérateur émirati DP World El Djazaïr qui exploite en joint-venture le port d'Alger se mure dans le silence et l'Algérie trinque. Depuis plusieurs jours, près de 40 navires sont en rade au port d'Alger et les frais supplémentaires pour chaque bateau en séjour prolongé, ce qu'on appelle les surestaries, varient entre 8000 et 15.000 dollars par jour. Les experts du transport maritime estiment ainsi ces surcoûts à près de 100 millions de dollars/an. De quoi construire des centaines de logements, soigner autant de personnes et créer autant d'emplois. Le port d'Alger est-il aussi mal géré au point de jeter des millions de dollars à la mer? Comment sommes- nous arrivés à une pareille situation? Une «grande désorganisation» caractérise le port d'Alger. «Malgré les mesures d'interdiction d'entrée au port d'Alger des navires transportant de la marchandise non conteneurisée et la réduction des importations dues à l'introduction du crédit documentaire(credoc) comme unique moyen de paiement des importations, la situation du port d' Alger n'a pas évolué pour autant», a laissé entendre l'expert en commerce international, Idriss Yalaoui. Malgré le fait que depuis le 1er octobre dernier, les car-carriers ont été sommés d'accoster aux ports de Djendjen (Jijel) et de Mostaganem, le port d'Alger demeure congestionné. «Nous souffrons depuis 2 ans», soit depuis l'arrivée de DP World à la tête de l'entreprise portuaire, a déploré hier le secrétaire général de la section syndicale du port d'Alger, Hamid Khaloun. «Il est clair que la modernisation du port par l'engagement des investissements tant promis, n'est pas au rendez-vous», souligne une source syndicale. Le conflit social et la période des vacances ne sont pas a eux seuls responsables de la dégradation de la situation au niveau du plus grand port commercial du pays. «L'effectif limité de 700 travailleurs maintenus par DP World ne peut assumer à lui seul le volume d'activité du port. Sachant qu'il traite environ 70% du mouvement de conteneurs de l'ensemble du territoire national. Cet effectif sied à une enceinte portuaire dotée des équipements de chargement et de déchargement modernes et non au port d'Alger utilisant encore le câble et le sabot comme au temps de l'Epal», a estimé notre interlocuteur. Néanmoins, la direction de DPW a accordé officiellement aux dockers une augmentation salariale de 22%, dans le cadre de l'application de la convention de branche. En outre, les représentants des travailleurs formeront le comité de participation dont le président élu fera partie du conseil d'administration de DPW, avons-nous appris de source syndicale. Par ailleurs, a poursuivi notre interlocuteur, «la question relative à l'augmentation des indemnités avec effet rétroactif, revendiquée par les dockers, fait l'objet de négociations entre les deux parties». Cependant, l'arrivée des équipements sophistiqués n'est pas pour demain d'autant plus que «l'aménagement du terminal touché durant le séisme du 21 mai 2003 n'est pas encore renforcé pour supporter le matériel tant attendu», a fait savoir le même responsable syndical. Ainsi, non seulement l'entreprise portuaire actuelle DP World fonctionne avec des engins de manutention «traditionnels» inadaptés et obsolètes, hérités de l'Epal, affirme la même source, mais la quasi- majorité des équipements d'intervention sont en panne. Cela ne permet pas d'aller au-delà d'une certaine cadence de déchargement. La période passée en rade par les bateaux dépasse les 25 jours alors qu'elle n'était que de 12 jours en mars dernier. La rapidité dépend non seulement de la disponibilité des espaces, indisponibles, mais aussi des équipements et autres outils de chargement et de déchargement, explique-t-on encore. A cet effet, l'utilisation des équipements en portiques et chariots cavaliers du terminal à conteneurs ainsi que l'acquisition, d'engins navals de servitude permettront de décongestionner de façon définitive le domaine portuaire à conteneurs.