Des éditeurs appellent le commissaire du Sila au dialogue et rejettent les décisions du président du Snel. Rien ne va plus dans le secteur du livre en Algérie, c'est à la limite plus pathétique que risible. Des dissensions parmi les éditeurs viennent encore une fois sonner le glas et noircir une situation déjà entachée par la polémique de l'interdiction de participation des Egyptiens au Sila. Si Smaïl Ameziane dément avoir invité des Egyptiens, la dépêche de l'APS de mercredi dernier, a pourtant, fait état de la participation de la Bibliothèque d'Alexandrie, sur invitation du ministère de la Culture, à la 15e édition du Sila avec ses toutes récentes publications englobant les domaines scientifiques et culturels. L'APS note que la Bibliothèque d'Alexandrie avait accueilli l'Algérie comme invité d'honneur lors de la sixième édition de la Foire internationale du livre de la Bibliothèque d'Alexandrie en 2008. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi avait assisté à la cérémonie d'ouverture ainsi que plusieurs hommes de culture et intellectuels algériens. Si c'est vrai, est-ce un traitement de faveur ou une politique de demi-mesures? Pour en savoir plus, nous avons tenté hier, vainement de contacter Smaïl Ameziane par téléphone. Ce dernier est resté aux abonnés absents. Cependant, dans une déclaration rapportée jeudi par El Watan one.ligne le commissaire du Sila Smaïl Amziane revenant à de meilleurs sentiments déclare: «Moi, je n'ai pas interdit aux éditeurs égyptiens de venir à Alger pour participer à notre salon. J'ai juste soulevé quelques aspects sécuritaires qui compromettent la participation de nos amis égyptiens. Ceci dit, nous sommes toujours en contact avec eux et tout peut changer à la dernière minute.» Notre commissaire vient-il de changer d'avis? Un fléchissement qui s'expliquerait par le vent de protestation tous azimuts qui s'est levé contre cette décision jugée «radicale» par de nombreux intellectuels algériens quant à l'interdiction de la venue des Egyptiens au Sila. Smaïl Ameziane avait dès lors brandi l'argument sécuritaire pour justifier une telle «sentence». Quoi qu'il en soit, de l'eau aura coulé, entre-temps, à son moulin puisqu'il y a 15 jours, nous rapportions dans une précédente édition (énième épisode de feuilleton Sila 2010 qui débutera le 26 octobre prochain) que dans un communiqué adressé à notre rédaction, signé Ahmed Madi, président du Syndicat national des éditeurs de livres (Snel) celui-ci, a «décidé de la non-convenance du lieu choisi pour l'organisation du 15e Salon international du livre d'Alger (Sila) sous un chapiteau sur l'esplanade du stade du 5-Juillet». Accompagné d‘un inventaire d'arguments comparant le site de la Safex Pins maritimes à celui du chapiteau du 5-Juillet, le Snel faisait remarquer:«Nous considérons que le cadre d'expression légal et naturel de ce genre de manifestations culturelles et économiques, est tout indiqué et existe déjà, et n'avons, par conséquent, nullement l'intention de partir ailleurs, à l'aventure, comme cela a été le cas lors de sa 14e édition, dont nous ne retenons que le côté négatif de son choix, fut-il alors cette solution de recours de la dernière minute comme se plaisait à le répéter son commissaire (?!)» Ce communiqué dans sa défense, se basait sur un comparatif détaillé entre les deux espaces cités ci-dessus. Et comme une polémique en cache une autre, voilà que -coup de théâtre- un nouveau communiqué tombe, comme un couperet! Il est signé «Des éditeurs qui sont contre les décisions de l'actuel bureau du syndicat national des éditeurs du livre» et est accompagné d'une vingtaine de noms de maisons d'édition vraisemblablement de langue arabe. Dans cet appel, ces derniers font clairement remarquer que «les déclarations tenues par le bureau exécutif du Syndicat national des éditeurs du livre, ne font pas l'unanimité des éditeurs car les membres devraient, en premier lieu, se réunir avec leurs collègues, ensuite organiser une assemblée générale pour prendre une décision officielle et commune des éditeurs à travers un communiqué qui sera signé par l'assemblée générale». Pour étayer leur jugement, ces éditeurs rappellent que la réglementation du Snel oblige son président à organiser, au moins une assemblée générale ordinaire chaque année pour débattre des rapports financier et moral et expliquer le programme de l'exercice prochain approuvé par le bureau. Ce qui n'a pas été le cas jusqu'à maintenant, selon eux. Aussi, assurent-ils: «Nous nous déclarons contre les décisions de l'actuel bureau du Snel qui ne respecte que la position de son président» ajoutant que les éditeurs algériens sous la tutelle de ce bureau souffrent de gros problèmes invitant les membres du Snel à contacter le ministère de la Culture au lieu de «menacer à travers les médias, mais en recourant à la sagesse et aux voies officielles.» S'agissant du Sila, les éditeurs demandent au commissaire d'«ouvrir les portes d'un dialogue sérieux» avec les éditeurs afin d'éviter de tomber dans les problèmes rencontrés lors des éditions précédentes et réussir celle de 2010. Quant au boycott annoncé au cas où le Salon serait organisé au Complexe olympique du 5-Juillet, «nous dénonçons formellement cette voie» soutiennent-ils. Enfin, ils appellent la ministre de la Culture à étudier le cas des éditeurs et imprimeurs qui n'ont pas reçu leur dû depuis une année et qui sont dans un état pitoyable. «Comme nous l'appelons à recevoir nos représentants pour que lui soit expliqués la situation et les problèmes des éditeurs algériens.» Aux dernières nouvelles, des éditeurs arabes ont menacé de boycotter le Salon du livre si l'Egypte ne participe pas. Farce humaine ou drame surréaliste? Affaire à suivre.