Rencontré en marge des travaux du conclave de l'interwilayas à Akbou, M. Rabah Boussetta, animateur connu dans le mouvement de protestation qui secoue la région depuis près de quatre mois, a bien voulu nous entretenir sur les objectifs des archs. L'Expression: Après quatre mois de contestation, quel bilan tirez-vous du parcours de ce mouvement? M. Rabah Boussetta: Le bilan ne peut être que positif dans la mesure où les actions réalisées à ce jour ont pu montrer le vrai visage de ce pouvoir qui réprime, à chaque fois, les marches pacifiques. Nous avons également dévoilé au monde entier un président qui refuse de recevoir une plate-forme de revendications de plus de trois millions de citoyens et qui n'hésite pas à pardonner aux assassins et qui invite la jeunesse mondiale à un festival au moment où tout un peuple est en deuil. C'est tout le paradoxe de ce pouvoir qui conjugue la joie et le deuil. Le pouvoir s'est montré justement disponible au dialogue... D'abord, il n'y a pas eu d'offre de dialogue. S'il y a des contacts avec des personnes, ces dernières n'ont aucun rapport avec notre mouvement. A ma connaissance, aucun responsable de notre coordination n'est informé de ce dialogue. Mais je précise que le fait que le pouvoir refuse à trois reprises de recevoir des mains de deux lycéens une plate-forme de revendications, je demande quelle est la définition que se fait le pouvoir du dialogue! Pourquoi refusez-vous de dialoguer? Nous ne refusons pas le dialogue. La balle est dans le camp du Président qui refuse la plate-forme de revendications. Une fois cette plate-forme de revendications satisfaite, le mouvement n'aura plus sa raison d'être. Le dialogue est donc possible... Jusqu'à présent notre mandat est de déposer la plate-forme d'El-Kseur entre les mains du Président en tant que délégation. C'est-à-dire après une action populaire. Ce que nous n'avons pas réussi à présent après trois tentatives comme vous le savez. Quelles réponses ont été déjà apportées à la plate-forme de revendications d'El-Kseur? Jusqu'à présent, le premier magistrat du pays a dit qu'il avait vu la plate-forme de revendications via la presse, mais qu'il n'est pas en possession du document. Je demande alors pourquoi il refuse à chaque fois de le recevoir. A l'origine des événements de Kabylie, vous reconnaissez qu'il y a des causes d'ordre socio-économique. Pourquoi ne demandez-vous pas un programme spécial pour la Kabylie? Je pense que dans la plate-forme d'El-Kseur on a tenu compte de tout ce qui touche aux raisons du soulèvement de cette jeunesse notamment le volet socio-économique. Ce qui dérange apparemment le pouvoir, c'est le point relatif au départ de la Gendarmerie nationale. Sinon dans les différentes sorties des officiels, on entend qu'ils sont prêts à régler la question identitaire dans la prochaine révision constitutionnelle et à trouver de solutions aux problèmes socio-économiques. Le même pouvoir reste muet par rapport au départ de la gendarmerie qui est responsable de toutes les victimes de la Kabylie. Comment voyez-vous l'avenir du mouvement? Aujourd'hui, on est là en conclave à Akbou, une région qui a beaucoup donné au mouvement. Je pense qu'à travers cette rencontre, on sortira avec des propositions qui vont démentir tout ce qui se raconte sur le mouvement. On va confirmer notre mobilisation jusqu'à l'aboutissement de notre combat, à savoir la satisfaction de la plate-forme de revendications d'El-Kseur