Israël propose un «compromis» sur les colonies, les Palestiniens exigent l'arrêt total des constructions, sinon pas de reprise des pourparlers. Israël, sous pression internationale, s'est dit prêt, vendredi, à un «compromis» sur la construction dans les colonies de Cisjordanie, faute de quoi, les négociations de paix avec les Palestiniens risquent de capoter, moins d'un mois après leur lancement à Washington. «Israël est disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties, étant entendu qu'il ne peut y avoir zéro construction» dans les colonies, a déclaré un haut responsable gouvernemental, en réponse à une question sur la fin du gel partiel et temporaire de la colonisation juive décrété en novembre dernier. Mais à New York, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a fait savoir qu'il refusait tout compromis ne garantissant pas un «arrêt total» de la colonisation. «Il faut maintenir le gel total de la colonisation dans les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem. Nous refusons toute solution partielle», a déclaré son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, soumis aux pressions de l'aile droite de son parti Likoud et du lobby des colons, a d'ores et déjà, exclu de prolonger le moratoire sur la colonisation au-delà de la date prévue à la fin du mois. Le Premier ministre «déploie des efforts intensifs pour parvenir à un tel compromis avant l'expiration du moratoire le 26 septembre», a souligné le responsable israélien sous couvert de l'anonymat, soulignant que «les Etats-Unis sont très impliqués dans cette recherche d'un compromis». M.Netanyahu a demandé à Yitzhak Molcho, le chef des négociateurs israéliens, de prolonger son séjour aux Etats-Unis. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait rencontré vendredi soir le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé le département d'Etat. «Les discussions sont vraiment intenses à l'heure actuelle», a souligné Jeff Feltman, secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, qui «presse les parties de créer une atmosphère favorable au succès». Le président américain, Barack Obama, avait réaffirmé vouloir une prolongation du moratoire. M.Feltman a ajouté à l'intention des Palestiniens «qu'aucune des parties ne doit utiliser la menace de quitter» les négociations. En Israël, M.Netanyahu a reçu vendredi, pendant deux heures Tony Blair, représentant du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, Russie et ONU), après des entretiens ces derniers jours avec notamment la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, le vice-président Joe Biden, la chancelière allemande Angela Merkel, et le Premier ministre grec, George Papandreou. Selon les médias israéliens, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui se trouve aux Etats-Unis, est également en contact avec des responsables américains et palestiniens pour tenter de dégager un compromis. Les Etats-Unis ont proposé une prolongation de trois mois du moratoire, le temps de parvenir à une entente sur les frontières, une solution soutenue par les négociateurs palestiniens, selon des sources palestiniennes. Les représentants des colons juifs de Cisjordanie ont vivement dénoncé l'appel du président Obama à une prolongation du moratoire. Ils ont annoncé que dès dimanche à minuit, ils lanceraient une série d'appels d'offres pour une reprise à grande échelle de la construction. Le Conseil des localités juives de Judée-Samarie (Yesha, principal organisme représentatif des colons) a accusé le président Obama «d'avoir cédé aux menaces des Palestiniens». Le moratoire, d'une durée de dix mois, avait été annoncé le 25 novembre 2009 par M.Netanyahu. Il porte sur les implantations de Cisjordanie occupée, où habitent quelque 300.000 colons israéliens, mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés, ni sur la construction de bâtiments publics (écoles, synagogues, etc.), ni sur Jérusalem-Est occupée.