La congestion du port est due au manque d'engins qui aurait été provoqué sciemment pour des desseins non encore avoués. Un déficit d'engins au niveau de DP World et Epal de l'ordre d'une trentaine a mis le plus grand port commercial d'Algérie dans une situation scandaleuse. Des pertes énormes s'en sont suivies. Les frais supplémentaires pour chaque bateau en séjour prolongé, ce qu'on appelle les surestaries concernant les navires, varient entre 8000 et 15.000 dollars par jour et sont supportés par le Trésor public. Les experts du transport maritime estiment ainsi ces surcoûts à près de 100 millions de dollars/an. D'autres surestaries inhérentes aux conteneurs sont payées par les importateurs publics et privés. Ces surcoûts supplémentaires sont estimés entre 30 et 60 dollars par conteneur et par jour. «En plus du renchérissement des produits dû à l'irrégularité de l'approvisionnement du marché, des chaînes de production industrielles ont été contraintes à l'arrêt. Des retards ont été enregistrés également dans les grands projets comme des stations d'épuration et la plate-forme pétrolière d'El Mark de Hassi Boukrin», selon nos sources. Outre l'aspect relatif au conflit social, tout le monde s'accorde à dire que la congestion du port est due au manque d'engins, un manque qui aurait été provoqué sciemment pour des desseins non encore avoués. Comment en est-on arrivé là? Actuellement, de nombreux cadres dirigeants de l'Epal et 4 patrons de société de manutention ont eu affaire à la justice. Six cadres dont l'ex-président directeur général en retraite, l'actuel P-DG et 4 opérateurs privés sont derrière les barreaux. D' autres cadres dont le directeur de la logistique, le commandant de la capitainerie, le président du conseil d'administration de DP world et deux DG sont placés sous contrôle judiciaire. Quel que soit le motif pour lequel ils sont écartés, il faut dire que la gestion de l'entreprise portuaire en avait pris un sérieux coup. «Les engins de toutes ces entreprises de manutention, dont le plus grand opérateur en Algérie disposant de 25 engins, ont été tous mis à l'arrêt et leurs propriétaires jetés en prison, a t-on appris auprès de nos sources. Selon une source judiciaire, «le dossier de l'affaire qui demeure en instruction, est tout bonnement vide». «Ceux qui ont joué un rôle dans cette intrigue qui ne dit pas son nom, que ce soit du côté de l'administration que du côté des opérateurs, sont les seuls bénéficiaires», soulignent unanimement nos sources. Ainsi, durant cette période, non seulement les engins appartenant à ces opérateurs et qui devaient travailler auprès de DP World ont été bloqués mais aussi les engins déjà engagés auprès de l'Epal ont été arrêtés. En conséquence, un déficit d'engins s'est fait sentir auprès de l'Epal et de DP Word. En outre, selon des sources très proches du dossier, la congestion du port a commencé à prendre des proportions inquiétantes depuis le début du mois d' avril dernier quand les engins de 9 prestataires en manutention furent empêchés par les services de sécurité de l'Epal, d'accéder au terminal à conteneurs de DP World. Pour cause, ces engins dont une partie est acheminée de l'extérieur du port et l'autre provenant de l'importation, ne disposent pas d'autorisations d'exploitation qui sont délivres par l'Epal. Par conséquent, un huissier de justice a procédé à la saisie de tout le matériel. Ne sachant pas à quel saint se vouer, après qu'ils soient déboutés par les responsables de l'Epal, les prestataires se sont tournés vers le directeur général de DP World. Ce dernier leur avait expliqué qu'il avait tout fait pour régler le problème mais en vain. Cependant, selon un chef d'entreprise de manutention, le 30 mars 2009, le directeur général de DP World avait réuni les 9 prestataires pour les mettre au courant du démarrage imminent de leurs activités. Toutefois, quand les représentants de ces entreprises ont signalé que les décisions d'exploitation ne leur sont pas encore remises, le DG répliqua que «ça ne constitue pas un problème en soi puisque on n'en a pas besoin. En plus, vos décisions vous seront délivrées en vertu d'un accord signé entre DP World et l'Epal». «Quelque temps après, DP World a fait appel à 3 ou 4 prestataires pour remplacer les engins manquants, soit environ une dizaine.» Parmi ceux-là figuraient deux opérateurs derrière le scandale ayant éclaté quelque temps auparavant au port, précise-t-on. En fait, selon les mêmes témoignages, quand DP World avait pris concession du terminal à conteneurs en 2008, elle a entamé ses prospection auprès des sociétés privées afin de sous traiter cette activité. Après une sélection selon des critères bien déterminés, son choix s'est porté sur 9 sociétés sur les 30 existant au port et ayant répondu à un appel d'offres national. Cependant, le nombre d'engins réunis ne satisfaisait pas la demande de DP Word. Cette dernière a demandé une dizaine d'engins supplémentaires pour lesquels elle a eu le OK de 6 prestataires parmi les 9 choisis dans le cadre de la soutenance. Ces derniers disposaient d'autres engins soit en dehors de l'enceinte portuaire soit en commande auprès des fournisseurs dont la réception devait se faire entre novembre 2008 et février 2010 suite à l'obtention des autorisations d'exploitation. DP World ‘est engagée à prendre en charge ce volet. Une fois toutes les machines disponibles, les entreprises ont exposé les cas de celles qui n'en avaient pas au DG de DP World. Ce dernier leur a expliqué qu'il n'en avait pas besoin puisque les engins allaient travailler dans sa concession. Vu que les prestataires avaient insisté pour les avoir, le responsable de DP World a intervenu personnellement auprès de l'Epal. Laquelle a donné son accord et envoyé des correspondances aux prestataires afin de se rapprocher de la direction munis de documents administratifs. En vue de leur attribuer des autorisations d'exploitation. Quelque temps après la réunion organisée par l'Epal avec ces prestataires exerçant aussi bien avec l'Epal que DP World pour donner de nouvelles orientations, a tourné court. Pour cause, deux opérateurs non choisis par DP World ont perturbé ladite réunion présidée par le directeur de l'exploitation et de la réglementation.