Avec le traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage qu'ils ont parafé hier, les deux pays scellent des relations stratégiques. L'Algérie et l'Espagne ont décidé de tenir une réunion bilatérale de «haut niveau», l'année prochaine à Alger. La date de cette réunion annoncée par le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, sera précisée «ultérieurement». Autant dire que le deuxième jour du séjour d'Etat du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika dans le royaume d'Espagne a été très chargé et fort riche en événements. Tôt dans la matinée d'hier, le chef de l'Etat algérien s'est rendu aux monuments aux morts pour l'Espagne, place de la Lealtad, à Madrid où il a déposé une gerbe de fleurs «à la mémoire des victimes du 2 mai 1802», avant de visiter la mairie de la capitale espagnole, et y signer le livre d'or. Ensuite, il a été reçu au Congrès des députés espagnols où il été accueilli par sa présidente, Mme Luiza Frenanda Rudi, et celle du Sénat, Mme Espéranza Aguire. Là, le Président de la République a prononcé une allocution au cours de laquelle il a notamment indiqué que la qualité des relations entre l'Algérie et l'Espagne «nous invite à une coopération continue non seulement sur les intérêts économiques, mais également sur notre environnement politique régional et pour la promotion de la paix et de la stabilité». Il a aussi saisi cette opportunité pour émettre le voeu de voir se créer ce qu'il a appelé «une association étroite avec le Parlement algérien», qui a-t-il dit, «accélérera l'implantation chez nous de la démocratie et renforcera le rapprochement entre nos peuples». Au passage, il faut mentionner que le chef de l'Etat algérien a été décoré de deux médailles, celles du Congrès et du Sénat. Mais c'est au célèbre palais de la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement espagnol, que les regards des observateurs étaient tournés. En effet, à l'issue d'entretiens en tête à tête entre le Président algérien et le chef du gouvernement espagnol, élargis par la suite à l'ensemble des membres des deux délégations, les deux pays ont scellé officiellement entre eux, le très attendu traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage. Le document a été signé, côté algérien par le Président Abdelaziz Bouteflika, et, côté espagnol par le chef du gouvernement, José Maria Aznar, en présence des délégations des deux pays. Ce traité signé déjà avec les autres pays maghrébins, le Maroc et la Tunisie, consacre ainsi de facto, la profondeur stratégique réciproque entre les deux rives de la Méditerranée dans une géopolitique mondiale en mutation continue. D'ailleurs, lors d'un dîner offert en l'honneur de son hôte, le Président Bouteflika, le souverain espagnol n'a pas manqué de féliciter le chef de l'Etat algérien pour avoir fait de l'Algérie un «référent dans le monde arabe et un promoteur des nouveaux projets donnant à l'Afrique sa capacité d'initiative», ajoutant que la place géostratégique de l'Algérie au Maghreb lui confère «une position privilégiée pour être l'interprète du continent auprès de l'Europe». Saluant, dans ce cadre, le rôle de notre pays dans la mise en oeuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), le roi Juan Carlos, s'est dit «convaincu que cet effort portera ses fruits, lors du prochain sommet Europe-Afrique, prévu l'an prochain à Lisbonne (Portugal)». Il est vrai que durant cette visite d'Etat du Président algérien en Espagne, les problèmes du continent africain n'ont pas été relégués au second plan. Au contraire, puisque le Président Bouteflika, en sa résidence au palais royal El Prado, a reçu les membres du corps diplomatique africain accrédité en Espagne et a évoqué avec eux toutes les grandes questions intéressant le continent, à leur tête la mise en oeuvre du Nepad et l'avenir de l'Union africaine. Autrement dit, en parallèle du renforcement strictement bilatéral des liens d'échanges commerciaux et de coopération purement économique entre l'Espagne et l'Algérie, les grands problèmes politiques régionaux et internationaux n'ont pas été absents de ces retrouvailles historiques entre Alger et Madrid. Faut-il mentionner que si le Président Bouteflika a clamé que l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne est «une avancée importante», il a aussi estimé, en abordant la lutte contre le terrorisme, que celle-ci «ne peut en aucune manière, se transformer en un choc des civilisations ou justifier des agressions en dehors du cadre des institutions internationales».