Le thon, la sardine et le corail sont des produits sensibles que le ministère veut protéger. «L'exportation de la sardine devrait être interdite», a soutenu Abdallah Khanafou, ministre de Pêche et des Ressources halieutiques, lors de son passage hier sur les ondes de la Radio nationale. Cette option permettra au citoyen algérien d'augmenter la part de poisson dans son alimentation, a déclaré le ministre. Estimant que «l'exportation des espèces à forte valeur ajoutée peut être maintenue et compensée par l'importation de produits à large consommation» le ministre pense «qu'une régulation s'impose pour faire l'équilibre entre l'exportation et la consommation nationale et avec le concours du ministère du Commerce». Le ministre a, par ailleurs, annoncé que «l'interdiction de la pêche du corail sera levée après l'élaboration d'un plan de gestion de cette ressource». Ce plan sera basé sur une étude qui a émis des variantes d'exploitation reparties tout le long du littoral algérien. Chaque secteur bénéficiera de 10 concessions d'exploitation à raison de 300 kg par concession, soit 6 tonnes à extraire par an. Mais un seul secteur sera ouvert pendant cinq ans alors que les autres seront au «repos» tour à tour pendant 20 ans afin de préserver les écosystèmes et permettre la reconstitution des bans de corail. S'agissant de la préservation de la sécurité alimentaire, le premier responsable de ce secteur sensible a annoncé que «l'acquisition de nouveaux bateaux de pêche est suspendue». Il a indiqué que les 4500 unités de pêche opérationnelles, peuvent suffire à couvrir les besoins de l'Algérie en matière de pêche. Le programme de soutien de l'Etat au secteur est de 26 milliards/DA. Ce programme a permis le rajeunissement de cette flottille, dont la moyenne d'âge est passée de 20 à 12 ans. Regrettant la mauvaise gestion des ports de pêche, qui reste un «obstacle» à la bonne exploitation des ressources, il a souligné qu'«il est anormal de gérer la ressource en amont et en aval et de ne pas intervenir en matière de commercialisation et de transit du poisson» et partant, à recommander «visibilité et transparence» dans la gestion de la ressource halieutique. S'exprimant sur les prix élevés du poisson, il a écarté l'existence de spéculation sur le poisson, rappelant que «produit hautement périssable, le poisson ne peut être stocké et ce n'est que l'offre qui peut en réguler le prix». Le même responsable a annoncé l'interdiction, à l'avenir, aux sociétés mixtes l'exploitation du poisson dans les eaux algériennes, pratique qui reste source de trafic. Concernant la pêche du thon, le ministre a précisé que l'exploitation de cette variété de poisson est désormais dévolue aux seuls armateurs algériens qui ont bénéficié d'une aide de l'Etat à hauteur de 60% pour l'acquisition de 15 thoniers. Khanafou a regretté toutefois que le quota de l'Algérie de 1000 tonnes de thon pour 2009 n'ait pas été pêché. Evoquant l'aquaculture en Algérie, le ministre suggère un programme spécial pour son développement, relevant le retard important accusé. Un développement rapide s'impose dans cette filière, qui, a-t-il dit, représente 50% de la production mondiale et brasse quelque 78 milliards de dollars selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).