Sarkozy, qui a fait de cette réforme le symbole de son engagement à changer la France, a concédé jusqu'ici quelques aménagements, mais n'entend pas revenir sur le coeur du projet Le président français, Nicolas Sarkozy, a redit hier sa volonté de conduire jusqu'au bout sa réforme des retraites, malgré une contestation qui a atteint un niveau de mobilisation record mardi et la poursuite de la grève dans les chemins de fer et les raffineries. Le président a dit «que c'était un devoir de réaliser cette réforme et qu'on la mène donc jusqu'au bout», a rapporté à la presse la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, après une réunion du conseil des ministres. «Ce n'est pas la protestation de la rue qui fait qu'on doit revenir sur une réforme qui est indispensable», a-t-elle poursuivi, quelques jours avant une nouvelle journée de manifestations prévue samedi. Nicolas Sarkozy, qui a fait de cette réforme le symbole de son engagement à changer la France, a concédé jusqu'ici quelques aménagements mais n'entend pas revenir sur le coeur du projet, le report de l'âge de départ à la retraite (de 60 à 62 ans pour l'âge minimal, de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein). Ces dispositions clés ont déjà été adoptées par les parlementaires. Le ministre du Travail, Eric Woerth, a rappelé que lors des conflits de 2003 et 2007 sur les précédentes réformes des retraites, il y avait eu «neuf journées de grèves reconduites», ce qui n'a pas empêché ces réformes d'entrer en vigueur. Mais face à cette inflexibilité, les syndicats ne désarment pas. Mardi, pour la quatrième journée d'action depuis début septembre contre cette réforme impopulaire, entre 1,2 et 3,5 millions de personnes (selon les sources) ont manifesté. Ce qui constitue un niveau record de mobilisation. Et, fait nouveau, les jeunes ont fait leur entrée dans la contestation. Les syndicats parient sur un nouveau succès populaire des manifestations de samedi prochain, espérant rassembler comme le 2 octobre une population familiale qui ne participe pas aux rassemblements la semaine. Hier,le nombre de salariés qui reconduisaient la grève de la veille était très limité. Le mouvement affecte surtout le secteur du pétrole: huit des douze raffineries françaises étaient en cours d'arrêt, sans conséquences immédiates, mais les automobilistes pourraient commencer à manquer de carburant la semaine prochaine, si les grèves se poursuivent. Du côté des transports, la grève dans les chemins de fer s'essoufflait, avec 24,6% de grévistes, contre 40,4% la veille, selon la direction de la Sncf. «Il faut trouver les moyens d'augmenter la pression sur le gouvernement pour qu'il entende cette revendication à la négociation sur l'avenir de nos retraites», a déclaré Bernard Thibault, le leader de la CGT, l'un des deux principaux syndicats français, tout en se gardant d'appeler à une généralisation des grèves. Le responsable syndical avait averti, la veille, que «l'intransigeance» du pouvoir pouvait mener au «blocage du pays». L'opposition pointe également les risques de voir la situation dégénérer. La dirigeante du parti socialiste, Martine Aubry, a évoqué mardi «un affrontement entre le pays et le gouvernement» pouvant devenir «encore plus important». Pour le journal Le Monde, les syndicats «ne feront pas céder le président», qui est «en passe de gagner son pari». «Mais son trophée est sérieusement terni», juge le quotidien. «Au plus bas dans les sondages, il court le risque d'un effet boomerang lors de la présidentielle de 2012».