«La filière est caractérisée par un dysfonctionnement entre les différents acteurs la composant.» Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui reconnaît la désorganisation de la filière, s'est prononcé encore une fois hier, sur la pénurie du fameux sachet de lait pasteurisé sans toutefois donner plus d'éclaircissements sur le fond de cette crise qui sévit depuis plus de trois mois, selon quelques transformateurs. Le ministre s'est exprimé en marge de la célébration de la Journée mondiale de l'alimentation. Interpellé sur cette pénurie, le ministre a rappelé sa déclaration faite il y a quelques semaines à ce sujet. Il s'agit, selon le ministre, «de la mise en place d'un nouveau dispositif pour permettre à la filière de se construire durablement». Répondant aux questions des journalistes, le ministre indique qu'«il n'est pas au courant du conflit entre l'Onil et les 97 adhérents à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa)», lesquels, à titre de rappel, accusent l'Office national des industries laitières (Onil) de discrimination en favorisant «le secteur public et les barons» à leur détriment. En conséquence, ils ont décidé de geler tout contact avec l'Onil, indique un communiqué de la Cipa. «Si ce conflit existe, il intervient en pleine période de négociation», précise M.Benaïssa. Tout en niant l'existence de déficit en poudre de lait, le premier responsable du département de l'agriculture et du développement rural, a affirmé que «la filière est caractérisée par un dysfonctionnement entre les différents acteurs la composant». De ce fait, «nous sommes en train de leur demander d'améliorer les relations entre eux pour leurs intérêts d'abord, et l'intérêt général ensuite», a-t-il conclu. Par ailleurs, la Cipa prévient que l'Onil ne dispose même pas de stock minimum, encore moins de stock stratégique ou de sécurité. Ainsi, la révision des quotas de poudre de lait distribués par l'Office national des industries laitières (Onil) fait constamment l'objet de mécontentements des opérateurs. «Les barons de la poudre continuent à être grassement servis au mépris de toutes promesses d'équité et ce, malgré les sérieuses remontrances de Benaïssa (ministre de l'Agriculture, Ndlr) lors de la rencontre du 17 juin dernier», selon ces opérateurs. Pour rappel, actuellement la production nationale de lait cru n'excède pas 2,6 milliards de litres par an dont seulement 11% sont intégrés dans la production de lait en sachet. Cette quantité insuffisante et mal rentabilisée contraint le gouvernement à recourir à l'importation de la poudre de lait afin de satisfaire les besoins annuels estimés à 3,5 milliards de litres. Mais cette insuffisance de lait cru et sa substitution par de la poudre importée condamnent l'Algérie à rester tributaire des fluctuations des prix sur le marché international, avec le risque de connaître des pénuries et des ruptures de stocks à chaque nouvelle augmentation des cours mondiaux de la poudre de lait.