L'ONU n'a pris aucune décision sur un renfort des casques bleus à la frontière du Nord et du Sud Soudan, mais a redéployé des soldats de la paix dans certains secteurs sensibles, comme la région contestée d'Abyei, a dit hier le chef de la mission de paix Haile Menkerios. «Bien que le Conseil de sécurité et le secrétaire général se soient dits prêts à considérer un soutien supplémentaire pour faire face à des préoccupations sécuritaires, aucune décision n'a été prise sur des troupes supplémentaires», a dit M.Menkerios lors d'une conférence de presse à Khartoum. Le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, a récemment demandé au Conseil de sécurité de l'ONU la création d'une zone tampon de 32 kilomètres de large le long de la frontière de 2100 kilomètres entre le Nord et le Sud. Un haut responsable de l'ONU a indiqué jeudi que la création d'une zone tampon n'était pas possible, mais que l'ONU allait augmenter ses effectifs dans des zones sensibles à la frontière. Cette augmentation ne signifie pas pour l'heure un nouveau déploiement de casques bleus au Soudan, idée rejetée par les autorités soudanaises, mais le redéploiement de soldats de la paix. La mission de l'ONU au Soudan (Unmis) a notamment renforcé sa présence dans la région pétrolifère contestée d'Abyei, située à la lisière du Nord et du Sud du Soudan. «Abyei est une exemple d'endroits où nous avons déployé des éléments de notre réserve afin de renforcer les patrouilles», a dit M.Menkerios, précisant qu'une compagnie supplémentaire - soit 30 à 45 soldats - avait été déployée dans ce secteur, actuellement sous haute tension. Les Sud-Soudanais doivent choisir, lors d'un référendum prévu le 9 janvier prochain, entre le maintien de l'unité avec le Soudan et la sécession. Un second référendum sur le rattachement de la région d'Abyei au Sud ou au Nord du Soudan est prévu simultanément selon l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, majoritairement arabo-musulman, et le Sud, en grande partie chrétien. Mais des responsables au pouvoir à Khartoum ont affirmé la semaine dernière que le référendum d'Abyei ne pouvait avoir lieu à la date prévue en raison du différend sur la participation des nomades arabes Misseriya à ce référendum. La loi référendaire d'Abyei accorde le droit de vote à la tribu sudiste Dinga Ngok, mais pas aux Misseriya qui ont promis de faire dérailler le scrutin s'ils ne peuvent voter. Des pourparlers sur la question épineuse d'Abyei doivent reprendre le 27 octobre à Addis Abeba afin de débloquer l'impasse et permettre la tenue du référendum dans cette région volatile, source de vives préoccupations.