Sarkozy a annoncé hier qu'il allait prendre des mesures contre les blocages dans les raffineries et pour que «l'ordre soit garanti» alors que la contestation contre la réforme des retraites se durcit. La crainte d'une paralysie de l'économie en France se renforçait mardi avec le durcissement de la contestation contre la réforme des retraites dans les secteurs stratégiques de l'énergie et des transports à l'occasion de la 6e journée d'action depuis la rentrée. Pour la dernière fois avant le vote du Sénat, attendu en fin de semaine, les Français manifestaient et débrayaient pour protester contre cette impopulaire réforme qui prévoit de reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Quelque 480.000 manifestants avaient été enregistrés dans le pays à la mi-journée par le ministère de l'Intérieur qui estime ce chiffre en baisse par rapport aux dernières mobilisations. Parallèlement, face à l'inflexibilité du président Nicolas Sarkozy qui entend mener à bout cette réforme phare de son quinquennat, le mouvement de grève continue de se durcir en particulier dans les raffineries, provoquant des pénuries de carburant et risquant de paralyser l'économie. Prenant la mesure de la gravité de la situation, le président, en sommet à Deauville (nord-ouest), en a appelé hier à «la responsabilité de l'ensemble des acteurs» et prévenu qu'il allait prendre des mesures contre les blocages dans les raffineries et pour «garantir l'ordre». Avec l'ensemble des 12 raffineries en grève, à l'arrêt ou en cours d'arrêt, plus de 2500 stations-service étaient à sec lundi soir (sur 12.500) et plusieurs dépôts pétroliers restaient bloqués par des grévistes ou manifestants. Le patronat français et les transporteurs routiers ont fait part hier de leurs inquiétudes sur les conséquences des difficultés d'approvisionnement en carburants. Les entreprises commencent à tourner au ralenti car le personnel «commence à avoir du mal à arriver sur le lieu de travail», a déclaré le patron de la confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. Un ralentissement de l'activité dans la restauration, l'hôtellerie, le commerce de détail et les loisirs a déjà été signalé. L'activité en France était également affectée hier par le renforcement de la grève dans les transports routiers et aériens. Le nombre de liaisons aériennes dans l'ensemble du pays était fortement réduit, avec 50% des vols annulés à l'aéroport parisien d'Orly et 30% dans celui de Roissy. Le syndicat CGT a appelé à la poursuite du mouvement aujourd'hui dans tous les aéroports français. Sur le rail, il ne devait y avoir hier que 6 trains TGV à grande vitesse sur 10. Les routiers, qui ont rejoint lundi le mouvement, poursuivaient leurs opérations escargots provoquant des bouchons sur des axes stratégiques. Ailleurs, les convoyeurs de fond entraient dans la contestation et la grève était suivie à la Poste, à France Télécom, dans l'audiovisuel public ou l'éducation. Près de 400 lycées étaient perturbés et près d'une dizaine d'universités bloquées. L'entrée en force des lycéens et étudiants dans le mouvement faisait aussi craindre aux autorités des débordements. Des affrontements ont opposé hier jeunes et forces de l'ordre près d'un lycée de Nanterre (banlieue parisienne). A Lyon (centre) du mobilier urbain et des véhicules ont été dégradés. A Paris, une lycéenne a été blessée par l'explosion d'un scooter après un feu de poubelle. La veille les blocages de lycées avaient déjà donné lieu à des heurts et près de 300 «casseurs» ont été interpellés. Face au blocage, l'opposition a appelé le pouvoir au dialogue avec les syndicats. «Tous les blocages actuels peuvent être arrêtés par la décision d'une seule personne, le président», a déclaré l'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius.