Hier, l'ensemble des 12 raffineries françaises étaient en grève et 10 à l'arrêt, a indiqué l'Union française des industries pétrolières (Ufip), tandis que des grévistes continuaient de bloquer des dépôts de carburants. Le conflit sur la réforme des retraites en France continue de se durcir avec une nouvelle journée nationale de manifestations hier et la grève très suivie dans toutes les raffineries de France, alimentant la crainte d'une pénurie de carburant dans les aéroports dès le début de semaine. Pour la cinquième fois depuis la rentrée et la deuxième en une semaine, les Français sont appelés par les syndicats à manifester contre cette réforme impopulaire qui prévoit le recul de l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Des manifestants ont commencé à défiler en province dans la matinée. Au total plus de 230 défilés sont prévus dans le pays. Malgré l'inflexibilité du président Nicolas Sarkozy déterminé à aller «jusqu'au bout» de cette réforme phare de la fin de son quinquennat, les syndicats français font le plein de manifestants. La dernière journée d'action mardi a vu une mobilisation record depuis le début du mouvement, avec 1,2 à 3,5 millions de personnes dans la rue selon les sources. Ce mouvement «est d'une ampleur inégalée depuis de très nombreuses années», s'est félicité hier Bernard Thibault, patron de la CGT, un des principaux syndicats français. Les lycéens, qui ont rejoint massivement la contestation cette semaine, étaient à nouveau attendus par milliers hier laissant craindre des incidents avec la police comme ces dernières 48 heures. Alors que le Sénat doit achever mercredi son débat sur ce texte déjà adopté par l'Assemblée nationale, la grève se durcit également dans le secteur énergétique. Hier, l'ensemble des 12 raffineries françaises étaient en grève et 10 à l'arrêt, a indiqué l'Union française des industries pétrolières (Ufip), tandis que des grévistes continuaient de bloquer des dépôts de carburants. La ministre de l'Economie Christine Lagarde exhortant les Français à «ne pas paniquer» et indiquant hier qu'«il n'y pas de pénurie» de carburants. Les aéroports français pourraient manquer de kérosène dès le début de semaine: l'oléoduc qui approvisionne en carburants les aéroports parisiens ne fonctionne plus que «par intermittence» et Roissy ne dispose de réserves que jusqu'à demain soir ou mardi, selon le ministère de l'Ecologie. Des centaines de stations-services connaissent aussi des difficultés et le mouvement «pose des soucis», a reconnu la compagnie Total. Le gouvernement avait autorisé jeudi le déblocage d'une partie des réserves de carburant des opérateurs, soit 10 à 12 jours de consommation. Mais il exclut de toucher pour l'instant aux réserves stratégiques (environ 98 jours de consommation) utilisables seulement en cas de crise internationale majeure. Hier matin, les forces de l'ordre ont à nouveau évacué des dépôts de carburant bloqués par des grévistes dont celui de Rouen (ouest), après en avoir débloqué quatre la veille. Les transporteurs routiers, appelés à des blocages temporaires de carrefours ou dépôts de carburant ce week-end, pourraient durcir le mouvement demain. «Les gars disent: il faut y aller», a déclaré Maxime Dumont du syndicat CFDT. La grève se poursuivait aussi dans les trains avec seulement deux TGV (trains à grande vitesse) sur trois hier. A l'international, le trafic était normal sur Eurostar mais tous les Thalys doivent être supprimés à partir d'aujourd'hui 20h00 GMT et les TGV province-Belgique seront limités à Lille (nord). Cette semaine la dirigeante du Parti socialiste (opposition) Martine Aubry a appelé le président à «suspendre le débat» parlementaire et à «remettre tout à plat». Plus d'un Français sur deux (57%) réclame au gouvernement de négocier une autre réforme, selon un sondage publié hier. Les syndicats appellent à une nouvelle grande journée de mobilisation nationale mardi, la veille du vote au Sénat.