«Théâtre et histoire: identité des souvenirs, des images (ou photographies) et des histoires», est le thème de la conférence ayant clôturé, hier, les journées d'étude portant sur la narratologie et les arts du spectacle. L'importance et la richesse du patrimoine oral ont été mises en exergue à l'occasion de journées d'étude qui ont débuté lundi à Alger dans le cadre du 2e Festival international de théâtre, qui se tient du 14 au 25 octobre. Dans une intervention intitulée «Le chant épique, la poésie narrative et l'évolution spatio-temporelle», le Pr Honorat Aguessi du Bénin a souligné la portée et l'importance de la parole dans la culture traditionnelle africaine. «Tout ce qui existe n'a pas de sens s'il n'est pas recréé par la parole», a affirmé le Pr Aguessi pour qui ce sont l'imaginaire et les symboles ancestraux qui «donnent la réalité à la parole». «Ce sont les Africains qui ont apporté beaucoup dans le domaine de la culture», a-t-il dit, soulignant l'apport des ancêtres dans la perpétuation et l'enrichissement du patrimoine, notamment immatériel. Sous le titre «Dimension de l'interprétation dans la halqa chez les medahine», Abdelhamid Bourayou, professeur à l'université d'Alger, a parlé des recherches qu'il a effectuées en 1970 sur les medahine et la halqa, un genre qui vient d'être intégré au roman populaire. «La halqa, qui est un trait d'union entre le passé et le présent, reflète les conditions de vie d'antan tout en évoquant les grandes dates ainsi que la vie des héros et des saints de l'Islam», a-t-il dit. «Le meddah chantait des textes qui étaient organisés sur le plan syntaxique», a expliqué le chercheur, précisant que les meddahine étaient aussi des poètes dont les gestes rappellent ceux des hommes de théâtre. «On peut classer les meddahine en fonction des lieux où ils se produisaient et aussi en fonction de la matière qu'ils présentaient», a-t-il indiqué à propos de ces conteurs qui disaient aussi des dictons et des proverbes populaires. Ali Abdoun, réalisateur, ayant travaillé depuis de longues années sur Yennayer, a évoqué les «traditions théâtralisées» organisées autour de cette fête agricole et, notamment, Aïred, un rituel qui consiste pour les jeunes à se rendre, déguisés, de maison en maison recueillir des friandises et des fruits qu'ils remettent aux gens nécessiteux et ce dans une ambiance festive. «L'Aïred, qui signifie en tamazight lion, est une forme de spectacle vivant pratiqué par des jeunes qui incarnent plusieurs personnages dont les musiciens, le choeur, le médecin et le guide», a expliqué le conférencier qui a mis en valeur la portée sociale de Yennayer. L'universitaire syrien, Mohamed Seïf, a parlé, quant à lui, de l'écriture directe sur scène dans le théâtre. «Le théâtre écrit fait certainement partie du spectacle mais ne le précède pas», a relevé Mohamed Seïf qui a cité plusieurs exemples d'écriture directe. Le professeur Abderrah-mane Benzidane du Maroc a donné une communication axée sur l'importance de l'humour dans le théâtre arabe.