«L'Algérie n'a pas besoin, prioritairement, actuellement, de capitaux étrangers, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire...», a souligné Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre a adressé une mise au point aux investisseurs étrangers. «Certains prétendent que nous allons empêcher les investissements étrangers de venir», a déclaré M.Ouyahia faisant allusion aux critiques relevées par les opérateurs étrangers. Dans sa Déclaration de politique générale qu'il a présentée jeudi dernier devant les députés, le patron de l'Exécutif a consacré tout un chapitre à ce sujet. Le ministre n'a pas été par trente-six chemins pour exprimer son mécontentement sur les IDE. «L'investissement étranger envers lequel l'Algérie ne cessera pas de multiplier ses appels et qu'elle a tant revendiqué en contrepartie d'une large ouverture de son marché, n'a pas encore été au rendez-vous», a-t-il souligné en préambule. Ce rappel est un détail de mise. M.Ouyahia a voulu par là écorcher les mauvaises langues qui se sont soulevées contre les mesures économiques adoptées dans la loi de finances complémentaires 2009 et appuyées par la LFC 2010. Preuve à l'appui, il a déclaré que l'investissement étranger hors hydrocarbures était estimé à moins de 500 millions de dollars en 2005 et à moins d'un milliard de dollars en 2007. «Les entreprises étrangères considéraient légitime de conserver l'Algérie au rang de marché très attractif, dès lors que ce dernier leur semblait acquis sans aucun effort», a-t-il fait remarquer. Catégorique, le Premier-ministre refuse que l'Algérie soit considérée comme un marché pour commercialiser leur marchandise. Parlant indirectement de l'affaire Djezzy, M.Ouyahia dira: «Certains investisseurs étrangers, qui ont prospéré sur le marché local, ont d'abord été guidés par le gain spéculatif quitte à ignorer les autorités et la souveraineté de ce pays ou à tenter d'en violer les lois impunément.» Ainsi, M.Ouyahia riposte à ceux qui veulent l'entendre qu'il n'y a pas eu d'investissements lourds comme l'avait souhaité le gouvernement. «La bonne croissance, souligne-t-il, n'est pas dans l'économie de services si ces derniers n'ont pas de plus-value réelle pour le pays.» Le Premier ministre a été très pointilleux dans son analyse en répondant du tac au tac. Afin de lever toute ambiguïté concernant le cadre juridique des investissements, l'hôte de l'Assemblée nationale s'est montré très rassurant. «L'Algérie dont le cadre juridique de l'investissement est désormais consolidé et donc stabilisé, offre à ceux qui sont disposés à l'accompagner dans son développement, des avantages nombreux», a-t-il souligné écartant ainsi d'éventuelles dispositions. Plusieurs chancelleries reprochent à l'Algérie l'instabilité de son cadre juridique régissant les investissements. Le Premier ministre a énuméré les avantages qu'accorde le gouvernement aux partenaires étrangers. Il s'agit d'un marché solvable et important dont le poids est renforcé par une dépense publique d'investissement de plus de 280 milliards de dollars sur cinq ans. Un réseau d'infrastructures en expansion, un crédit disponible localement, coût de l'énergie, de main- d'oeuvre qualifiée et même de charges fiscales inférieures en permanence à celles des pays développés sont entre autres les différents avantages garantis. Le Premier ministre a fini par préciser en direction des investisseurs que l'Algérie n'a pas besoin de capitaux, mais plutôt de savoir-faire. «L'Algérie n'a pas besoin prioritairement, actuellement, de capitaux étrangers, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire, de technologie, de management moderne et de partenaires à même d'ouvrir demain d'autres marchés à des productions en association», a-t-il déclaré en live à partir de l'hémicycle de l'APN. Plus clair, il a expliqué que «l'Algérie attend des investissements mixtes qui seront réalisés chez elle, le recours aux biens et aux services locaux, le développement du taux d'intégration nationale, le réinvestissement de la contrepartie des avantages fiscaux obtenus et la réalisation de balances en devises positives, d'abord par une substitution aux importations, et ensuite par une exportation de productions sous leur propre label». Afin de valoriser les atouts nationaux, M.Ouyahia souligne que le Code des marchés publics dispose que désormais, toute entreprise étrangère désireuse de soumissionner pour un contrat public de biens ou de services en Algérie, devra accompagner son offre d'une proposition de participation à la modernisation d'une entreprise algérienne.