Le destin des Algériens d'hier est d'être des indigènes. L'Algérie semble être condamnée à l'échec et aucun Algérien ne peut briguer un titre et un succès sans être à la merci d'un sponsor ou d'un mentor, ou d'un parrain ailleurs qu'en Algérie. Le destin des Algériens d'hier est d'être des indigènes. Celui d'aujourd'hui semble être celui de vassaux liés personnellement à de seigneurs ou à de suzerains ailleurs qu'en Algérie. Aucun Algérien ne peut émerger dans un système bloqué et dans l'impasse et celui qui échappe est vite taxé d'être à la solde des généraux, comme si être au service d'un général était une honte, un délit, un crime, un lèse-majesté ou encore un péché. Etre, en revanche, au service des «étrangers» et servir les intérêts étrangers en Algérie sont une preuve de modernité, de progrès, de liberté, de mondialité-universalité, d'humanité, etc. Nous vivions dans un système où l'échelle des valeurs est bel et bien inversée. C'est l'injection du poison idéologique qui a «paralysé l'esprit des élites nationales pour les domestiquer et les stériliser». Dès qu'un Algérien quelconque sort du patron culturel et idéologique que l'on veut lui tailler, il devient un danger public, une menace publique, qu'il faut dénoncer, neutraliser d'abord pour l'enterrer ensuite, afin qu'il ne serve pas de référence et de modèle. C'est encore une fois la culture du sous-développement qui domine avec ses pesanteurs et ses forces d'inertie, c'est ce que le prix Nobel en économie, l'ancien conseiller économique des présidents Kennedy et Johnson, Paul A. Samuelson, résume en ces termes: «Le progrès matériel implique qu'à la croyance en la magie et à la superstition, soit substitué l'esprit d'analyse.» Si traditionnellement, une nation abhorre le travail manuel, ni plus généralement le travail, si ses habitants s'intéressent davantage à la vie éternelle qu'à notre vallée des larmes, s'ils méprisent la prospérité matérielle, etc.