Au lendemain de l'avant-première du film Indigènes, le réalisateur Rachid Bouchareb s'est prêté, hier après-midi, à l'hôtel Sofitel, lors d'une conférence de presse, au jeu des questions-réponses des journalistes. C'est un réalisateur à l'aise dans ses propos qui a éclairé un tant soit peu la curiosité des présents sur son film français Indigènes, sorti en septembre dernier. Rachid Bouchareb révèle que Indigènes sera suivi dans deux ans d'un autre film sur les événements du 8 Mai 1945. Le réalisateur a interpellé la mémoire collective pour raconter un pan important de l'histoire algérienne. « Je me devais, dit-il, d'être le plus juste possible sur cette partie de l'histoire. J'ai voulu montrer, à travers mon film, qu'il faut reconnaître le sacrifice de ces milliers de soldats et poser par-delà-même le problème de la valorisation des pensions des tirailleurs, entres autres, algériens, tunisiens et marocains. » Il a, ainsi, mis en relief dans son film le travail de ces soldats qui ont combattu dans l'ombre : « Je suis venu mettre de la lumière. Les médias doivent prendre le relais. » Le réalisateur affirme qu'il a voyagé dans l'histoire en ouvrant des chapitres importants de l'éternité. Les témoignages recueillis sont véridiques, récoltés auprès de soldats ayant vécu cette poignante période. La plupart d'entre eux ont été lésés dans leurs droits puisque depuis 1959, la retraite des tirailleurs étrangers a été gelée en partie. Aujourd'hui, ils perçoivent une pension complète au même titre que les soldats français. « Chirac a été ému, en septembre, lors de la projection de Indigènes. Il a formulé le vœu de voir ses hommes rentrer dans leurs droits. » Le titre Indigènes a été choisi du fait que c'est le terme récurrent qu'il a trouvé dans les archives de l'armée française. A la question de savoir s'il compte solliciter l'aide de l'Etat algérien pour le tournage de son film, il répond : « Je vais bien sûr m'adresser au ministère tout comme je l'ai fait avec Indigènes. Cependant, les aides promises n'ont pas abouti. Il faut s'adapter à la situation de la production. J'espère tourner mon prochain film à Sétif ». En guise de conclusion, Rachid Bouchareb s'est dit fier d'avoir réalisé un tel film à succès. Un film qui a été vendu dans douze pays étrangers. Il est à noter, par ailleurs, que le réalisateur compte se lancer prochainement dans la coproduction d'un documentaire sur l'Algérie.