Dans tous les cas de figure, estiment les experts, l'ère des ambitieuses réformes du président Obama est bien révolue. Quels que soient les résultats des élections législatives américaines de mardi prochain, l'ère des ambitieuses réformes du président Barack Obama est révolue, même si les républicains échouent à reconquérir toute ou partie du Congrès, estiment des experts. Le bilan législatif du président Obama, porté au pouvoir sur des slogans de changement et d'espoir, se révèle respectable: une réforme historique de l'assurance-maladie, une remise à plat de l'encadrement de Wall Street, un plan de relance de près de 800 milliards de dollars ou encore un sauvetage de l'industrie automobile. Mais ces réussites ont été obtenues en mobilisant les élus démocrates et en débauchant quelques républicains modérés, tactique qui ne pourra plus fonctionner dans un Congrès où les adversaires de M.Obama seront selon toutes les prévisions sinon majoritaires, du moins renforcés. «D'une façon ou d'une autre, les élections de la semaine prochaine vont être une dure leçon d'humilité pour les démocrates», affirme Costas Panagopoulous, rédacteur en chef du journal Campaigns and Elections, et pour qui M.Obama et ses alliés n'auront d'autre choix que d'encaisser leur perte d'influence. Une Chambre des représentants dominée par les républicains aurait le droit de vie et de mort sur le programme de M.Obama. Et même si les démocrates limitent les dégâts, ces derniers comptent suffisamment de conservateurs en leur sein pour faire pencher plus à droite la balance de la chambre basse et donc contrarier le programme réformateur du président. Au Sénat, où M.Obama doit déjà lutter contre la minorité de blocage des républicains, davantage de sièges pour l'opposition signifierait inévitablement plus de risques de paralysie. M.Obama, lors de sa campagne victorieuse de 2007-2008, s'était fait le chantre d'une collaboration entre démocrates et républicains au service de l'intérêt commun. Deux ans plus tard, ces déclarations sont restées des voeux pieux, chaque partie s'en rejetant la faute. Face à cela, M.Obama pourrait continuer à s'attaquer de front à ses adversaires en les dépeignant comme des extrémistes et en espérant que l'opinion publique se retournerait contre eux d'ici à la présidentielle de 2012. Il pourrait aussi, au contraire, tenter de trouver un terrain d'entente sur certains dossiers, comme l'éducation, des accords de libre-échange avec des pays tiers et l'énergie. Mais le nouveau Congrès risque d'enterrer une réduction des émissions des gaz à effet de serre et une réforme de l'immigration. M.Obama et ses conseillers ont sûrement médité l'exemple de Bill Clinton. En 1994, le président démocrate avait subi un revers électoral deux ans après son arrivée au pouvoir. Il avait révisé ses ambitions à la baisse, en travaillant de concert avec le Congrès républicain, avant d'obtenir une réélection triomphale en 1996. «Obama va-t-il accepter des mesures de faible portée, progressives, qui finiront par bâtir un succès?», demande Andrew Dowdle, professeur à l'université de l'Arkansas (sud). Maître ès campagnes, M.Obama n'a jusqu'ici pas fait preuve d'un talent particulier pour tenter d'amadouer ses adversaires, au contraire de M.Clinton en son temps. Et à deux ans d'une nouvelle élection présidentielle les républicains n'auront aucun intérêt à permettre à M.Obama de marquer des points.