Synthèse de Ghada Hamrouche Les électeurs américains sont appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des représentants, un tiers du Sénat et pour élire un certain nombre de gouverneurs d'Etat le 2 novembre prochain. Le scrutin s'annonce difficile pour les Démocrates. Tous les sondages voient le parti du président Barack Obama perdre sa majorité dans les deux Chambres. Outre les Républicains traditionnels, Obama doit faire face à une opposition d'extrême droite radicale et nostalgique rassemblée dans le mouvement Tea Party, dont l'ancienne candidate Sarah Palin est devenue l'égérie, et qui est prête à tout pour chasser le président de la Maison-Blanche. De leur côté, les centristes se lancent dans la bataille sous la bannière de leur chef de file Michael Bloomberg. Avec d'autres Américains déçus par les deux grands partis traditionnels et rejetant le discours des Tea Parties, le maire de New York a décidé de se battre pour faire élire des candidats modérés.Cependant, le président Barack Obama ne désespère pas de pouvoir renverser la vapeur d'ici le jour du scrutin. Obama et ses alliés font, selon les agences de presse, flèche de tout bois pour rassembler leur électorat d'ici au 2 novembre, espérant contrer l'élan dont semble bénéficier l'opposition républicaine à une semaine des législatives de mi-mandat. Lors d'une tournée de quatre jours dans l'ouest des Etats-Unis, M. Obama s'est adressé en priorité à ses partisans démocrates, mais a aussi lancé des appels du pied à des groupes qui pourraient faire la différence le jour du scrutin : les femmes et les Latinos. A Seattle (dans le nord-ouest du pays, où il rencontrait des femmes lors d'une réunion soigneusement orchestrée, le Président a insisté jeudi dernier sur les bénéfices que leur apportent ses réformes, que ce soit la remise à plat de l'assurance-maladie ou l'encadrement de Wall Street. Plus directe, l'une des proches conseillères de M. Obama, Valerie Jarrett, avait prévenu la veille que, si les Républicains abrogeaient ces deux réformes, comme ils l'ont promis en cas de victoire, «les effets sur les femmes seraient dévastateurs». De passage vendredi à Los Angeles, la deuxième ville des Etats-Unis dont la moitié de la population est d'origine hispanique, M. Obama a, selon les agences de presse, voulu mobiliser ce groupe dont les voix s'étaient portées aux deux tiers sur lui en 2008. Au même moment, le parti démocrate annonçait un investissement «sans précédent» d'un million de dollars dans des publicités destinées aux médias hispaniques. S'exprimant en espagnol, M. Obama y appelle les électeurs à l'aider «à défendre ce que nous avons commencé». Les voix hispaniques pourraient se révéler décisives dans l'une des élections les plus symboliques, au Nevada (ouest), où le chef de la majorité au Sénat, Harry Reid, joue sa survie politique face à une candidate issue du mouvement ultra-conservateur du «Tea Party». M. Obama a fait escale vendredi à Las Vegas pour défendre une nouvelle fois ce proche allié. La Première dame Michelle Obama et le vice-Président Joe Biden sont, eux aussi, mobilisés pour venir à la rescousse de M. Reid, dont la victoire n'est pas assurée. M. Obama donnera un ultime coup de collier avant l'élection, en visitant, les 30 et 31 octobre, pas moins de quatre Etats où ses alliés sont aussi en difficulté. Pour contrôler le Sénat, les Républicains doivent remporter 10 sièges. Mais, selon les analystes, les Démocrates devraient garder la maîtrise de la Chambre haute, indispensable pour contrer les projets des conservateurs. A la Chambre des représentants, dont les 435 sièges vont être renouvelés, il faut 39 élus supplémentaires aux Républicains pour décrocher la majorité, un scénario qui a 75% de chances de se produire, selon l'analyste Nate Silver du blog «FiveThirtyEight» sur le site du New York Times. Cette assemblée détient la haute main sur le financement des politiques publiques et le chef de la minorité républicaine John Boehner, qui pourrait devenir le président de la Chambre en cas de victoire de son camp, a déjà promis que les Démocrates n'auraient «pas un sou» pour leurs programmes. De son côté, malgré une rhétorique musclée lors de ses réunions publiques, M. Obama a récemment plaidé pour davantage de coopération après le 2 novembre, semblant admettre que ses adversaires sortiraient renforcés de la consultation. «J'espère qu'après les élections, quels que soient ses résultats, le parti républicain reconnaîtra qu'il ne peut pas rester sur le banc de touche et qu'il doit participer pour essayer de trouver une solution aux problèmes qui affectent les Etats-Unis de longue date», a déclaré le président américain mardi dernier à des journalistes.