Des personnalités alliées de la majorité parlementaire, appuyée par les pays occidentaux, ont rapidement dénoncé la déclaration de Hassan Nasrallah, chef du parti chiite, soutenu par Damas et Téhéran. Le Liban se dirigeait hier vers une grave crise politique après l'appel lancé par le parti chiite Hezbollah à boycotter le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Des personnalités alliées de la majorité parlementaire, appuyée par les pays occidentaux, ont rapidement dénoncé la déclaration de Hassan Nasrallah, chef du puissant parti chiite, soutenu lui par Damas et Téhéran. «Si le gouvernement libanais répond à l'appel de Nasrallah, le Liban va devenir un pays en confrontation avec la communauté internationale et finalement, un pays qui rejette les résolutions internationales», a déclaré le député Ahmad Fatfat à une radio locale. «Le gouvernement doit clarifier sa position (s'agissant de la déclaration de Nasrallah) et (dire) s'il (décide de) se rétracter sur sa déclaration de politique générale», dans laquelle est stipulé l'engagement du gouvernement à coopérer avec le Tribunal spécial sur le Liban (TSL). «Il n'y aura pas de marchandage sur le tribunal», a-t-il dit. Le leader chrétien Samir Geagea, dont les Forces libanaises sont un allié clé de M.Hariri, a appelé lui le président Michel Sleimane et le Premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic, à une réunion d'urgence sur cette affaire. «C'est une menace contre le gouvernement libanais dans la mesure où c'est le premier à coopérer avec les enquêteurs», a-t-il dit jeudi soir à la chaîne satellitaire Al-Arabiya. «Nous dénonçons cette prise de position surprenante et incompréhensible», a-t-il ajouté. Hassan Nasrallah a exhorté jeudi soir les Libanais à boycotter le TSL, affirmant que toute coopération avec les enquêteurs serait une «agression» contre le mouvement chiite. Il a expliqué que sa déclaration était motivée par un incident survenu la veille dans une clinique gynécologique de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où des enquêteurs du TSL se sont vu empêcher l'accès à des dossiers, après une altercation avec des femmes. «Face à ce comportement scandaleux des enquêteurs (...) nous demandons à tout responsable et tout citoyen libanais de les boycotter», a-t-il dit lors d'une allocution diffusée par la chaîne Al-Manar du Hezbollah. «Toute coopération supplémentaire avec ces enquêteurs équivaudrait à une attaque contre la résistance» (le Hezbollah, Ndlr), a-t-il ajouté. Le TSL a été mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat en février 2005 à Beyrouth de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Un bras de fer oppose le camp de Saâd Hariri à celui du Hezbollah, qui accuse le TSL d'être «politisé» et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages. Le mouvement chiite s'attend à ce que le TSL accuse des membres du parti d'implication dans le meurtre. Devant l'impasse de la situation, nombreux sont ceux qui craignent un retour à des violences confessionnelles. L'envoyé spécial de l'ONU au Liban, Terje Roed Larsen, a jugé jeudi à New York que la situation était «hyper dangereuse» alors que l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU accusait la Syrie et l'Iran de continuer à armer le Hezbollah. Oussama Safa, directeur du Centre libanais pour les études politiques, minimise cependant les risques de violences dans l'immédiat. «C'était une escalade prévue, mais je ne pense pas qu'un autre mai 2008 pointe encore à l'horizon», a-t-il dit hier, en référence à une crise entre majorité parlementaire et le Hezbollah qui avait abouti à des violences meurtrières. «Il semble qu'il y ait, pour le moment, un accord régional et international pour garder le Liban calme, (...) que l'Arabie Saoudite et la Syrie respectent, et je ne pense pas que le Hezbollah va aller à l'encontre de cela.»