Le travail devait reprendre hier dans l'ensemble des raffineries françaises, bastion de la contestation de la réforme des retraites, dessinant la fin d'un conflit qui pourrait relancer Nicolas Sarkozy mais laisse le pays dans un profond malaise social. Fer de lance du mouvement en provoquant d'importantes pénuries de carburant et en pénalisant l'économie, les 12 raffineries de France devaient avoir mis fin aux débrayages dans la journée d'hier. A la mi-journée, neuf avaient déjà cessé la grève après le vote des salariés de trois nouveaux sites. Les dernières raffineries encore à l'arrêt (appartenant à Total) devaient mettre fin au mouvement dans les heures à venir, selon direction et syndicats. Des ouvriers de Grandpuits (près de Paris) avaient expliqué jeudi leur «lassitude» à ne pas se voir suivis par les autres secteurs et une certaine fatigue «à ne pas être payés, à rester tout le temps devant la raffinerie et à mettre sa vie sociale entre parenthèses», comme l'a raconté Fabrice Hiron, 35 ans. Pendant 10 à 15 jours, toutes les raffineries de France sont restées en grève, entraînant au plus fort du mouvement l'assèchement d'un tiers des stations-service et selon l'industrie pétrolière un coût de «centaines de millions d'euros» au secteur. Le mouvement de contestation a commencé à s'essouffler en début de semaine avant l'adoption définitive mercredi par le Parlement de la réforme qui recule l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Il s'est confirmé jeudi lors de la septième journée de manifestations depuis septembre qui a enregistré son plus faible niveau de mobilisation. Hier, le travail a aussi repris au terminal pétrolier de la Compagnie industrielle maritime du Havre (ouest), qui exploite un important dépôt et alimente quatre raffineries. La production de carburant reste en revanche suspendue dans six raffineries à la fin du blocage du port pétrolier de Fos, près de Marseille (sud), qui ne laisse plus entrer de brut sur le territoire français. Après ceux de Marseille ou Agen (sud-ouest) mardi, les éboueurs de Toulouse (sud-ouest) ont également recommencé à ramasser des montagnes d'ordures accumulées une dizaine de jours dans les rues et qui commençaient à indisposer les riverains. La presse française estimait hier que le président Sarkozy, au plus bas dans les sondages, avait gagné «une victoire politique» à 18 mois de la présidentielle, en dépit du rejet d'une majorité de Français et de deux mois de manifestations.