La Banque centrale américaine, la FED, a décidé d'injecter 600 milliards de dollars pour relancer la machine de la première économie de la planète, d'ici le mois de juin 2011. Les cours de l'or noir se sont sentis pousser des ailes. Ils ont brisé cette espèce d'étau qui les maintenait depuis des mois dans une fourchette comprise entre 70 et 80 dollars. Le baril s'est hissé jusqu'à atteindre les 87,22 dollars, au cours des échanges électroniques en Asie, enregistrant un niveau qu'il n'avait plus touché depuis octobre 2008. Le voeu du ministre algérien de l'Energie est-il en train de se réaliser? En effet, faut-il rappeler que les «faucons» (Iran, Vénézuela) de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole souhaitent depuis quelques mois un baril de pétrole à 100 dollars. L'Algérie a joint sa voix à cette revendication. «Le niveau actuel est meilleur que lorsqu'il était à 40 et 50 dollars, mais ce serait meilleur et raisonnable s'il était à 90..., voire 100 dollars le baril», a fait remarquer Youcef Yousfi, en marge d'une conférence de presse qu'il a tenue récemment, au sein du siège de son département, à l'occasion du cinquantenaire de la création de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Le ministre iranien du Pétrole avait tenu pratiquement les mêmes propos, il y a un peu plus de deux ans: «Un prix inférieur à 100 dollars ne convient à personne, ni aux producteurs ni aux consommateurs», avait déclaré Gholam Nozari, au cours d'une conférence sur le gaz, qui s'est tenue à Téhéran au mois d'octobre 2008. «Un certain nombre de ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont évoqué une nouvelle fourchette de prix montant jusqu'à 90 dollars. Il est certainement possible que des courtiers veuillent tester ce chiffre», a justement fait remarquer l'analyste de Deutsche Bank, Adam Sieminski. Cette notoire poussée de fièvre des cours de l'or noir s'est amorcée dès lundi. Le marché pétrolier réagissant positivement aux bonnes performances du secteur manufacturier en Chine, deuxième consommateur mondial de brut, «Les cours des matières premières commencent la semaine avec des gains confortables, placés sous les meilleurs auspices, grâce à un affaiblissement du dollar, des Bourses asiatiques de bonne tenue et à des indicateurs positifs en Chine», soulignaient les analystes de Commerzbank. Le meilleur restait à venir. Les cours de l'or noir se tenaient à l'écoute des décisions que devait annoncer la Réserve fédérale américaine (FED). Mercredi, les prix continuaient à grimper malgré un bond des stocks de brut aux Etats-Unis. Le département américain de l'Energie (DoE) a fait état d'une hausse de 2 millions de barils. Une annonce tempérée par la chute des réserves de produits raffinés. Les stocks d'essence ont dégringolé de 2,7 millions de barils tandis que les produits distillés (gazole et fioul de chauffage) se sont repliés de 3,6 millions de barils. Dans la foulée, la Banque centrale américaine rendait publique sa décision d'injecter 600 milliards de dollars pour booster l'économie des Etats-Unis. La devise américaine allait enregistrer, jeudi, son plus bas niveau face à la monnaie unique européenne depuis le mois de janvier: 1,4282 dollar pour un euro. A New York, le baril de «Light Sweet Crude» gagnait 1,47 dollar pour clôturer à 86,16 dollars. «La pression sur le dollar s'est encore accentuée après la confirmation par la Réserve fédérale américaine (FED) d'un nouvel assouplissement monétaire pour stimuler la croissance aux Etats-Unis», expliquait l'analyste de Sucden Financial, Myrto Sokou. Vendredi, malgré une légère remontée du billet vert, 1,40 dollar pour 1 euro, les cours de l'or noir ont tout de même grignoté 36 cents pour terminer la semaine à 86,85 dollars à New York. Cette petite envolée des prix ne représente pas un feu de paille selon les spécialistes. «Les prix du brut continuent de s'échanger selon le contexte macroéconomique, et la macroéconomie, selon nous, va rester un facteur de soutien aux classes d'actifs risqués jusqu'à la fin de l'année. Le nouveau programme de relance (américain, Ndlr) a aidé à relever les attentes d'inflation et à affaiblir le dollar», a fait remarquer Hussein Allidina, de Morgan Stanley. Une perspective favorable pour l'économie algérienne qui a tablé sur une rentrée de devises d'une valeur de 50 milliards de dollars en 2010 grâce à ses exportations de pétrole.