La révolte du peuple du Sahara occidental sous occupation montre bien l'inanité de la prétendue «marocanité» du territoire sahraoui. Le calvaire continuait hier pour des milliers de Sahraouis pris en tenaille par les forces de répression marocaines qui ont tiré à balles réelles sur une population désarmée retranchée dans le «camp de la liberté». Un véritable massacre à ciel ouvert et surtout à huis clos, les autorités chérifiennes ayant cadenassé le territoire sahraoui et refoulé, lundi, des personnalités européennes désireuses de voir ce qui se passait au Sahara occidental, occupé depuis 35 ans par les forces armées marocaines. Le bilan donné hier par le Front Polisario est lourd, très lourd, avec pas moins de 11 morts recensés, 723 blessés auxquels s'ajoutent 159 personnes portées disparues. Le campement de la liberté, qui abrite 25.000 personnes, a été érigé le 19 octobre dernier par les habitants d'El Aâyoune, qui y ont trouvé refuge et décidé de braver le roi et son armada policière et militaire. Très rapidement, l'armée d'occupation a encerclé le camp et privé, depuis plusieurs jours, sa population de ravitaillement. Toutefois, malgré les privations, les forces d'occupation ne sont pas parvenues à entamer la détermination des Sahraouis, qui donnent à voir au monde le visage hideux de l'occupation marocaine. D'autant plus que la veille de l'assaut de son armée contre une population désarmée, le souverain alaouite, Mohammed VI, promettait monts et merveilles aux Sahraouis indiquant notamment: «Nous ne ménagerons aucun effort pour qu'ils (les Sahraouis) exercent leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté d'expression, de mouvement et de retour à leur mère patrie». Cette promesse avait en fait la couleur du sang Le roi déchanta cependant, quand les Sahraouis lui ont bien fait savoir qu'ils ne croyaient pas un seul mot de ce que disait le maître du Maroc. La réponse du roi? La répression, une répression féroce qui dit bien le degré d'avilissement où est parvenu le Makhzen qui fait un recours désespéré à la force pour faire plier un peuple qui lui tient tête depuis 35 années. Le monde entier est désormais témoin de quel genre de liberté d'expression et de quel mouvement parlait le roi du Maroc. Cette répression surdimensionnée du Maroc contre le peuple sahraoui qu'il ne réussit pas à asservir, traduit en fait la peur d'un monarque qui voit le contrôle des évènements lui échapper alors que l'insurrection sahraouie fait trembler le trône alaouite sur ses bases. D'ailleurs, cette terreur gratuite contre un peuple désarmé et sous le joug de l'occupation, a fait réagir la communauté internationale qui a vigoureusement condamné l'usage excessif de la force contre un peuple qui ne demande que son droit. Ainsi, le ministre italien des Affaires étrangères, M.Franco Frattini, n'a pas manqué de faire part de sa «grave préoccupation» au lendemain de l'attaque marocaine contre le «camp de la liberté» sahraoui, rapportait hier l'agence de presse italienne AGI. «Nous sommes extrêmement préoccupés pour les victimes et les nombreux blessés causés» par cette attaque, a affirmé M.Frattini dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères. Il a appelé «les parties (en conflit, Maroc et Front Polisario) à poursuivre des négociations constructives (...) sous les auspices de l'Organisation des Nations unies». De son côté, l'Association des amis de la Rasd a dénoncé hier «avec vigueur» l'agression par les forces d'occupation marocaines, des populations sahraouies du «camp de la liberté», à Gdeim Izik (près d'El Aâyoune occupée) en état de siège. Comme à l'accoutumée, voulant réprimer à huis clos, les autorités de Rabat avaient refoulé, lundi, nombre de personnalités désireuses de se rendre dans le Sahara occidental occupé et plus précisément sur les lieux du massacre dans le camp de la liberté. C'est ainsi que le député-maire français, Jean-Paul Lecoq, membre du PCF, membre de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale française, a été refoulé à Casablanca, expulsé par les autorités marocaines et sa police et empêché de se rendre au Sahara occidental. Réagissant à cette expulsion, le ministère français de Affaires étrangères a «profondément regretté» la décision marocaine de refouler M.Lecoq, qu'il a qualifiée de «surprenante» et demandé «des explications» à Rabat. D'autre part, le député européen espagnol, Willy Meyer, a également été empêché lundi de descendre de son avion à El Aâyoune, a indiqué l'Association des amis de la Rasd. En voulant empêcher la communauté internationale de se rendre compte elle-même sur ce qui se passe au Sahara occidental, le roi du Maroc aura surtout réussi à braquer les lumières sur un territoire en état de siège où l'armée marocaine réprime tout un peuple à huis clos. Cela ne pouvait durer. La révolte du peuple du Sahara occidental sous occupation montre bien l'inanité de la prétendue «marocanité» du territoire sahraoui.