Pour protester contre la détérioration de leurs conditions sociales sous l'occupation marocaine, plus de dix mille personnes, selon plusieurs témoins sur place, se sont regroupés dans un campement de tentes dressé depuis le 19 octobre à sept kilomètres de la ville de Laayoun, au Sahara Occidental. D'autres, qui tentent depuis de les rejoindre, sont empêchés par les forces de répression du Makhzen, qui n'hésitent pas à faire usage contre elles de la violence armée. C'est ainsi que dimanche, des gendarmes marocains ont tué un jeune et blessé cinq autres qui essayaient de rejoindre ce campement de la protestation. Et ce n'est là que le bilan du seul «incident» que les autorités locales ont admis. Le Makhzen interdisant aux observateurs étrangers et aux organisations humanitaires de se rendre sur les lieux, il est à craindre que la répression qui s'exerce sur les protestataires et ceux qui tentent de les rejoindre a fait plus de victimes qu'annoncé par la voix officielle. Ce qui se passe au Sahara Occidental occupé près de Laayoun et partout ailleurs ne donne que plus de relief au constat fait par l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, qui a estimé que «le statu quo au Sahara Occidental est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu'il entraîne». Il est d'autant plus intenable que face à la protestation pacifique de la population sahraouie contre l'occupation de son territoire, le Makhzen use de la violence armée pour la réprimer. Tout comme leurs compatriotes réfugiés à Tindouf, les milliers de Sahraouis qui campent aux abords de Laayoun sont la démonstration de l'inanité de la thèse de Rabat de leur attachement à la marocanité de leur citoyenneté, que les autorités du Royaume rabâchent en guise de justification à leurs refus de l'application du principe d'autodétermination au Sahara Occidental. Du moment que le «statu quo n'est plus tenable», il ne suffit plus aux Nations unies, qui sont responsables de l'intégrité physique des populations du Sahara Occidental sous occupation coloniale, d'obtenir la reprise de discussions informelles entre le Polisario et le Maroc. Elles ont d'abord et avant tout l'obligation d'intimer au Makhzen d'avoir à cesser sa répression et arrêter d'enfreindre les droits de l'homme. La Minurso est tout indiquée pour veiller à ce qu'il en soit ainsi, si l'ONU, ainsi que le lui demandé le Front Polisario, décide d'élargir ses prérogatives à la protection de la population sahraouie en territoire occupé. Il faut ensuite qu'elles en finissent avec la complaisance qu'elles manifestent à l'égard des atermoiements et de la fuite en avant des autorités marocaines et pour leur exiger de se conformer à la légalité internationale, qui dispose qu'il est du droit du peuple sahraoui d'être consulté sur son avenir L'accueil réservé par Rabat à l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU en mission dans la région a convaincu par sa froideur que le Makhzen n'a apprécié ni le contenu de la dernière résolution du Comité de l'ONU pour la décolonisation, ni le propos de Christopher Ross estimant que «le statu quo est intenable» au Sahara Occidental. Ce qui se passe à Laayoun conduit par ailleurs les autorités marocaines à se renfermer sur le tout répression des actions populaires en territoire occupé, qui dévoilent la véritable aspiration du peuple sahraoui, qui est d'en finir avec la colonisation de son sol et le recouvrement de son identité nationale.