La position de ces deux puissances sur la sécurité au Sahel ne serait pas du goût de la France qui adopte une stratégie divergente en matière de lutte antiterroriste dans la région. L'ambition de la France consistant à mettre la bande sahélo-saharienne sous sa loupe est catégoriquement rejetée même par ses alliés en Occident. La première puissance au monde, les Etats-Unis d'Amérique, et l'autre puissance, la Grande-Bretagne, divergent avec la vision française et annoncent leur soutien à la politique de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste au Sahel. Lors de sa visite en Algérie, jeudi dernier, le ministre britannique chargé des Affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, M.Alistair Burt, a annoncé le soutien du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord à la politique de l'Algérie criminalisant le paiement de rançons aux groupes terroristes. Le diplomate britannique considère cette pratique comme première source de financement des groupes armés. C'est ainsi qu'il déclare être «juste» la proposition de l'Algérie visant à lutter contre le paiement de rançons. «Le terrorisme représente une menace pour tout le monde. Il y a différentes manières d'y faire face. Nous sommes de l'avis de l'Algérie en ce qui concerne la criminalisation du paiement de rançons qui, pour nous, peut être la base du financement des terroristes», a expliqué M.Burt à la presse à l'issue d'une réunion de travail avec Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Et de préciser: «Il est donc juste de lutter contre le paiement de rançons». La veille de cette déclaration, Washington avait soutenu cette politique en dénonçant l'ingérence étrangère dans la région du Sahel. Le principal-adjoint de l'assistant du secrétaire à la Défense, chargé des Affaires de sécurité internationale aux Etats-Unis d'Amérique, M.Joseph Mc Millan, a estimé, mercredi, lors de sa visite en Algérie, que la lutte antiterroriste exige de tous les pays de ne faire aucune concession aux groupes armés en matière de paiement de rançons. Sur ce point, il réaffirme que la position de son pays reste claire et sans ambiguité. Pour ce haut responsable américain, Washington ne soutient pas seulement la lutte contre le paiement de rançons, mais elle s'allie à l'Algérie qui s'oppose à toute ingérence étrangère dans la région. Après avoir félicité l'Algérie du travail qu'elle effectue en coopération avec les pays directement concernés par la menace, ce même responsable avait affirmé qu'il appartient aux pays de la région de trouver une solution locale à ce problème. «Nous partageons entièrement l'avis du gouvernement algérien qui est contre une intervention des forces étrangères au Sahel», a-t-il soutenu soulignant avec force que «le problème du terrorisme dans la région doit être réglé et traité par les pays de la région eux-mêmes et c'est la façon la plus efficace de mener la lutte antiterroriste», a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger. Et d'annoncer que son pays apprécie l'initiative algérienne de rassembler les pays de la région pour une lutte commune contre le terrorisme. «C'est une initiative très importante», a-t-il qualifié. La position de ces deux puissances sur la sécurité au Sahel irritera, certainement, Paris. Il s'agit de deux «poids lourds» de la planète qui font connaître leurs positions respectives à la France sur le sujet en question. A travers une telle position, les Américains et les Britanniques veulent faire assumer à la France la responsabilité face aux conséquences que sa politique peut engendrer dans la région. C'est une sorte d'avertissement direct qui peut pousser la France à renoncer à sa stratégie dans la région. D'autant plus que «les nouveaux alliés de l'Algérie» donnent la priorité au défi consistant à amener la communauté internationale à approuver l'approche proposée par l'Algérie. L'Hexagone a mené plusieurs tentatives visant à mettre le pied dans la région. La France intervient d'une façon directe et indirecte dans cette zone sensible. Elle a manifesté son souhait d'«apporter sa solution» militaire à la région. C'est ce qui l'a poussé à mener une opération militaire avec l'armée mauritanienne dans le but de libérer l'ex-otage, Michel Germaneau, assassiné par les terroristes de l'Aqmi au lendemain de ce raid. Par la suite, Paris a installé «sa petite caserne» militaire au Tchad ou plus de 80 militaires y ont été parachutés. A présent, Paris ne désespère pas de négocier la libération des cinq otages français, employés qui travaillaient pour le compte de la société française Areva, kidnappés par les groupes armés depuis environ deux mois. C'est ce qui témoigne de la fidélité de la France à sa politique visant à «retrouver sa place» dans un continent où la majorité des pays ont été sous sa domination coloniale.