Malgré une organisation exemplaire, les voyageurs piaffent d'impatience devant les guichets pour rejoindre leurs familles. Une altercation violente s'est produite hier matin à la station taxi limitrophe de la gare routière du Caroubier à Alger. Qui se rend en premier à M'Silà? C'est là que deux jeunes, la trentaine passée, se sont «entendus» pour ne pas «s'entendre». Simple échange verbal, le ton monte et une rixe éclate. «On n'a même pas le droit de casser sa croûte. Pour un déplacement de quelques minutes, on veut me prendre ma place...», se plaint Ahmed. Hors de lui, il profère des injures à l'encontre de son adversaire. Finalement, ce n'est ni l'un ni l'autre qui a transporté les voyageurs. Le diktat des chauffeurs de taxis quant aux prix du transport, est maîtrisé. «Si un transporteur ose le faire, il sera immédiatement dénoncé», apprend-on au siège de l'Union nationale des chauffeurs de taxis. A la gare du Caroubier, c'est une autre paire de manches. Pas moins de 1200 départs ont été assurés entre jeudi et vendredi. Mieux, 22.000 voyageurs se sont rendus chez eux. Tout y est. Organisation infaillible, à deux jours de l'Aïd El Adha. A 10 heures précises, l'affluence, quoique inférieure à celle des années précédentes, bat déjà son plein. La gare est pleine à craquer. Impatients de rejoindre leurs familles, des centaines de voyageurs se bousculent aux guichets. «Je ne vois ma famille qu'une fois par mois. J'ai hâte de retrouver les miens: une maman, une soeur, une épouse et deux petits chérubins». Tout se lit sur le visage de Djamel, natif des Ouadhias. Ils sont nombreux à se retrouver dans une situation pareille. Ils n'ont pas le choix. Les minutes s'égrènent et le hall de la gare se remplit de monde. Des voix s'élèvent. On vient d'obtenir le fameux ticket. Cependant, cigarettes allumées et café sont interdits pour accéder au quai. D'autres voyageurs attendent leur tour. Ils sont de tout âge. Sans force, des sexagénaires ou plus, doivent retrouver leur énergie d'antan pour supporter cette bousculade. «Pour ce genre de rendez-vous, tout le monde doit avoir vingt ans», ironise Mustapha, étudiant en médecine en partance à Hassi Messaoud. Les services de l'ordre sont là, dès l'aube, pour assurer une meilleure sécurité au citoyen. «Aucun problème n'est constaté», rassure un policier. Les agents ont su ordonner les files interminables de personnes qui se sont formées devant les guichets. Les équipes sont renforcées, explique Mohamed Maloufi directeur de l'exploitation qui nous a reçus dans son bureau. Il nous assure que la journée de l'Aïd et celle d'après seront ouvrables. «On travaille normalement, jusqu'à 23 heures. Une équipe en permanence est, d'ores et déjà, dépêchée», poursuit M.Maloufi. «Je serai là», lui emboîte le pas, une secrétaire toute souriante. Un assurance totale pour les retardataires. Un guide horaire, tout nouveau, sera à la disposition des voyageurs. Un tas de renseignements y est contenu. Pour répondre à cette foule, les responsables de la Société d'exploitation et de gestion de gares routières (Sogral), ont déployé des bus supplémentaires. «On a demandé aux opérateurs conventionnés avec la Caar de bien se préparer en cas de pression», fait savoir le directeur de l'exploitation. Et d'expliquer: «Une correspondance leur a été envoyée». Ce programme servira d'appui pour le programme classique. La wilaya qui a le nombre suffisant de bus est Tizi Ouzou, comme il nous a été confirmé. Cette wilaya est également connue pour les prestations exemplaires qui sont assurées par les transporteurs. La seule tâche noire évoquée, ce sont les 17 commerçants qui sont installés à l'intérieur de la Sogral. «Ils louent des locaux pour des prix symboliques tandis que leur recettes dépassent parfois les 12 millions le mois. Un grand écart existe», dénonce notre vis-à-vis. Selon lui, les surfaces louées sont largement dépassées. «Les égouts qu'ils remplissent, ce sont nous qui les payons. Ça nous coûte 800.000 DA le mois». L'Aïd c'est dans deux jours, le transport des voyageurs se fait en toute quiétude.