A chacun ses raisons et à chacun ses objectifs, les dirigeants des Etats-Unis d'Amérique, de la Grande-Bretagne, de l'Espagne et de la France intensifient leurs visites en Algérie. Entre soutien stratégique, intérêts commerciaux et économiques et ambition politique, de nombreux hauts responsables politiques et militaires occidentaux défilent, ces derniers temps, en Algérie. A chacun ses raisons et à chacun ses objectifs, les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne, l'Espagne, la France et même la Russie et le Portugal courtisent l'Algérie. Elle est sollicitée, notamment sur le volet économique, sécuritaire et politique. La première puissance mondiale, les USA, souhaite renforcer avec l'Algérie sa coopération en matière de lutte antiterroriste, tout en gardant un pied dans le volet économique. A travers le principal adjoint de l'assistant du secrétaire à la Défense, chargé des Affaires de sécurité internationale, Joseph Mc Millan, qui a séjourné le week-end dernier en Algérie, les Etats-Unis d'Amérique réitèrent leur soutien à la politique algérienne en matière de lutte antiterroriste. Il s'agit évidemment, d'un soutien stratégique. Mais, derrière la chose sécuritaire, Washington semble buter sur le volet économique et commercial proprement dit. Au mois de septembre dernier, une délégation composée d'une cinquantaine d'hommes d'affaires américains ont abordé avec les dirigeants algériens les possibilités d'investissement. Ces rencontres et discussions à un haut niveau visent à booster les échanges déjà existants entre l'Algérie et les Etats-Unis, en apportant, notamment aux investisseurs américains plus de visibilité dans les stratégies respectives d'investissement. Les investisseurs américains sont concernés par les secteurs de l'industrie pharmaceutique, l'agroalimentaire, la construction et l'habitat, les ressources en eau, les technologies de l'information et de la communication (TIC), les services technologiques, les transports, les hydrocarbures, les énergies renouvelables ainsi que la formation en matière de gestion des entreprises. Dans le domaine sécuritaire, les USA souhaitent décrocher un marché avec l'Algérie portant sur la vente des armes et concurrencer, ainsi, la Russie, principal fournisseur d'armes de l'Algérie. Les responsables US espèrent assister Alger en matière de logistique nécessaire pour «lutter» contre le terrorisme. Jamais les Etats-Unis n'ont dépêché autant de hauts responsables à Alger comme cette dernière année. La Maison-Blanche a accru le rythme des visites de ses officiels. Outre M.Mc Millan, Vicki Huddleston, sous-secrétaire adjointe à la Défense pour l'Afrique et Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires du Moyen-Orient se sont pointés dans notre capitale il y a de cela une année. Cela témoigne de «l'intérêt» que portent les Américains aux opportunités que représente l'Algérie. C'est la même ambition qui est affichée par la Grande-Bretagne. Londres a dépêché, jeudi dernier, son ministre chargé des Affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Alistair Burt, à Alger. Emboîtant le pas à M.Mc Millan, M.Burt annonce le soutien entier du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord à la politique de l'Algérie criminalisant le paiement de rançons aux groupes terroristes. Derrière cet appui, Londres cherche à avoir sa part de gâteau dans le marché de l'armement. M.Burt a d'ailleurs affirmé que son pays est prêt «volontiers» à satisfaire les besoins de l'Algérie en équipements militaires. «Nous sommes prêts à répondre à toute demande de l'Algérie, si elle exprime des besoins en armement et autre équipement militaire», a affirmé M.Burt, à Alger. Et d'annoncer que les compagnies britanniques sont intéressées par le programme de modernisation des Forces armées algériennes. Dans ce sens, Londres vient de réussir à décrocher un important marché avec l'Algérie portant sur le sujet en question. L'hôte de l'Algérie a confirmé l'existence d'une commande de l'Armée algérienne pour l'achat d'hélicoptères auprès du groupe anglo-italien Augusta Westland. La France, quant à elle, souhaite décrocher la part du lion de l'enveloppe d'investissement retenue pour le prochain quinquennat et qui dépasse les 280 milliards de dollars. Comme première étape, le président français, Nicolas Sarkozy, a désigné l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, qui sera à Alger le 24 novembre prochain, pour «négocier» la part de la France en matière d'investissements. On notera que les relations politiques et économiques entre Alger et Paris ont connu une traversée du désert ces dernières années, même si Paris reste le premier partenaire commercial d'Alger. Les grands projets d'infrastructures lancés par l'Algérie au titre du quinquennat 2005-2009, tels l'autoroute Est-Ouest, la construction de un million de logements, l'érection des barrages, etc, ont bénéficié beaucoup plus aux entreprises chinoises, portugaises, espagnoles et autres. Aussi, la France ne souhaite pas revivre cette «mauvaise expérience», bien au contraire, elle tente de se racheter dans le cadre du quinquennat en cours et arracher des marchés. Le Portugal, de son côté, garde un oeil vigilant sur ce même chapitre et compte défendre ses intérêts économiques, outre la centaine d'entreprises portugaises activant en Algérie dans différents domaines, tel le Btph. Afin de renforcer cette coopération, les deux pays ont signé, la semaine dernière, une dizaine d'accords de coopération portant sur les différents domaines d'investissement, comme les travaux publics, le bâtiment et les équipements hydrauliques. L'Algérie est également, sollicitée par l'Espagne. Le chef du gouvernement, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a chargé son envoyé spécial, Angel Moratinos, pour aborder avec les dirigeants algériens l'avenir politique de l'Union pour la Méditerranée. Conscient du rôle important qu'occupe l'Algérie dans ce processus, Madrid espère réussir le deuxième sommet qui se tiendra à Barcelone au cours des deux dernières semaines du mois en cours. Un éventuel boycott des pays de la rive Sud de la Méditerranée, à l'image de l'Algérie, fera subir un échec à ce deuxième sommet de l'UPM, que l'Espagne assumera aux côtés de la France. C'est ainsi que M.Moratinos a tenté de convaincre les dirigeants algériens de prendre part à ce rendez-vous. Enfin, que la chose politique ou sécuritaire soient à l'origine de la course que mènent les Occidentaux en Algérie, les intérêts économiques et commerciaux constituent la principale motivation de leurs dirigeants pour prendre la destination Algérie.