La souffrance foetale aiguë ainsi que les blessures à la tête, qui surviennent pendant l'accouchement, figurent parmi les causes principales de l'épilepsie. Pas moins de 350.000 Algériens sont atteints d'épilepsie. Les enfants sont les plus touchés par cette maladie complexe et plurielle qui se manifeste par plusieurs types de crises. «Le manque d'accueil des enfants épileptiques nés d'un accouchement difficile est un véritable casse-tête», a déclaré, hier, à L'Expression, Litin Kheireddine, maître assistant et propriétaire de la première clinique privée en neurologie à Oran. La prise en charge dans un centre spécialisé nécessite une équipe pluridisciplinaire composée de neurologues, psychologues, psychiatres et kinésithérapeutes. «Cela coûte excessivement cher à l'Etat», anticipe notre interlocuteur, rencontré en marge du séminaire organisé par la Ligue algérienne contre l'épilepsie en collaboration avec la société algérienne de neurologie et de neurophysiologie clinique (Sannc) à l'hôtel Mercure d'Alger. La souffrance foetale aiguë ainsi que les blessures à la tête qui surviennent pendant l'accouchement figurent parmi les causes principales de cette maladie. Pour ces naissances à domicile, sans aide qualifiée, le Dr. Litin affirme que la femme doit être éduquée à suivre une grossesse ordinaire. La sensibilisation doit être de mise. Comme c'est le cas, précise le Pr Saïd Belouiz, pour la non-observance du traitement par les patients et parfois la rupture des stocks en antiépileptiques qui compliquent davantage la prise en charge de cette maladie. Cette prise en charge doit être assurée au même titre, dans toutes les régions du pays, précise le Pr Mohamed Arezki, président de la Sannc. Le traitement de cette maladie, peu connue, existe. Le Pr Saïd Belouiz du service neurologie à l'EHS Aït Idir a souhaité, dans un point de presse, la disponibilité de nouvelles molécules antiépileptiques nécessaires pour les crises sévères. Tous les médecins interrogés partagent cet avis. Cependant la pomme de discorde qui divise les spécialistes en deux camps consiste en l'administration du médicament générique aux patients épileptiques. Pour le Pr Mohamed Arezki de l'hôpital de Blida, ce traitement est aussi efficace que le produit original. Aucun risque pour le malade. «Toute la planète travaille avec du générique, pourquoi pas l'Algérie?». N'étant pas d'un avis complètement différent, le Dr Litin Kheireddine estime que l'arrivée du générique en Algérie «est une boîte de Pandore qui s'ouvre». D'emblée, il met l'accent sur l'urgence de serrer l'étau quant au contrôle des produits pharmaceutiques. «Les Douanes ainsi que le département de la santé sont appelés à faire preuve de vigilance», met en garde notre vis-à-vis. Par ailleurs, il convient de préciser que les épilepsies graves, résistantes aux médicaments, constituent un véritable handicap pour les patients. Pour nombre d'entre eux, l'intervention chirurgicale pourrait être synonyme de guérison. Faute d'équipements, faute de moyens, l'opération qui consiste à effectuer une ablation de la zone du cerveau dite épileptogène, n'est encore pratiquée que par un nombre d'équipes médicales limité. Pourtant, il faudrait pouvoir agir vite. Dès l'enfance même, quand la plasticité du cerveau est encore importante. Malgré la difficulté de la tâche, les spécialistes demeurent optimistes et affirment que l'Algérie sera prête dans deux ans. Le taux d'échecs enregistré en Europe ne semble pas freiner nos médecins. Guérit-on définitivement de l'épilepsie? «Les deux tiers environ des épilepsies de l'enfant vont disparaître à partir de l'adolescence, mais en laissant parfois de graves séquelles neurologiques quand la maladie a nui au développement du cerveau», déplore un neurologue français.