Au moment du déroulement de la marche, tous les commerçants de la ville ont baissé rideau afin de se solidariser avec les manifestants. A notre arrivée à neuf heures, la ville de Fréha était toujours animée. Comme tous les jours, les cafés et autres commerces sont bondés de monde. C'est à croire que les deux actions auxquelles a appelé la cellule de crise du arch Ath Djennad n'auront pas lieu. Aussi, nous interrogeons quelques citoyens au sujet de la tenue ou non de la marche. Or, les gens semblent mal informés car la libération de l'otage d'Aghribs a changé certaines données. Est-ce à dire que la marche a été annulée? Pour répondre à cette question, nous prenons la direction du stade communal, point de départ de la manifestation. Sur place, nous constatons que des centaines de citoyens sont déjà sur les lieux pour prendre part à la marche, laquelle devait initialement exiger la libération de Slimana Omar, enlevé par trois individus armés il y a exactement dix jours. C'est la cellule de crise de l'arch Ath Djennad qui a décidé de maintenir cette manifestation populaire, en dépit de la libération de l'otage. L'objectif de ce maintien est multiple. Il consiste d'abord à rendre un vibrant hommage à l'entrepreneur Hend Slimana, initialement visé par l'acte de kidnapping mais qui, dans sa tentative de fuite, a reçu une balle fatale. Le but de la marche, selon ses initiateurs, est aussi de montrer que la population de la région restera mobilisée contre le phénomène des enlèvements qui ciblent les entrepreneurs de la wilaya ainsi que des citoyens de condition sociale aisée. C'est à dix heures que la marche s'est ébranlée à partir du stade communal de la ville de Fréha, située à une quinzaine de kilomètres d'Aghribs où ont été perpétrés l'assassinat et le rapt. Comme noté dans l'appel, la marche a été silencieuse et aucun slogan n'a été scandé. En revanche, des slogans étaient transcrits sur les banderoles portées par quelques manifestants. Ainsi, on pouvait lire, entre autres: «Halte à la terreur», «Où est l'Etat?», «Non à l'impunité», «Non au règne de l'insécurité», «Non aux kidnappings», «Ilaq ad faken idamen», «Barakat tazla idamen» et en langue arabe, «Non à la violence, non au crime et non au silence». Les manifestants ont parcouru quelques ruelles de la ville avant d'atterrir au siège de l'Assemblée populaire communale où des prises de parole étaient prévues. Au moment du déroulement de la marche, c'est-à-dire, entre dix heures et midi, tous les commerçants de la ville ont baissé rideau afin de se solidariser avec les manifestants. Une bonne partie d'entre eux a d'ailleurs, rejoint les rangs de la marche, en leur qualité de citoyens, concernés par cette situation. Une fois arrivés devant le siège de la mairie de Fréha, des élus locaux, des maires et des élus nationaux ont pris respectivement la parole pour dire leur opposition aux actes de kidnappings qui se répètent à travers les quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou depuis 2006 et lesquels ont entrainé la mort d'un homme et ce, pour la première fois depuis le début de la perpétration de ces actes. C'est dire que la situation s'aggrave de plus en plus. Le phénomène des kidnappings, en plus du danger réel qu'il constitue sur la vie de centaines de citoyens qui sont des otages potentiels, risque aussi de dissuader les investisseurs désirant investir dans la wilaya de Tizi Ouzou. C'est dans ce sens qu'ont abondé les différents intervenants qui ont exhorté la population à ne pas baisser la garde et à demeurer vigilante en ces durs moments.