La saignée au sein d'Al Qaîda au Sahel est due aux divergences entre les deux chefs terroristes, Droukdel et Abou Zeid et au travail d'infiltration et de noyautage. Près d'une trentaine de terroristes ont déserté les camps d'Al Qaîda pour se rendre aux forces de sécurité. Ils se sont rendus avec armes et bagages à l'armée malienne, ont rapporté plusieurs agences de presse qui suivent de près l'évolution de la situation dans cette région. Les repentis vont être transférés vers la Mauritanie, ont assuré ces mêmes agences reprenant des sources militaires. Cette opération de désertion, annoncée dimanche dernier, a été enregistrée en Mauritanie et dans le nord du Mali où les complices Abdelmalek Droukdel détiennent les sept otages de la société française Areva dont cinq ressortissants français, enlevés à la mi-septembre. Selon des sources sécuritaires mauritaniennes, ces ex-éléments d'Al Qaîda sont en route vers la Mauritanie. «Ils ont été endoctrinés et on leur a mis dans la tête que mourir leur ouvre les portes du Paradis», indiquent les mêmes sources. La désertion a débuté il y a plus d'une quinzaine de jours par la reddition de six éléments d'origine mauritanienne. Certains d'entre eux avaient à peine 15 ans, alors que le 2 novembre dernier un adolescent, répondant au nom d'Ahmed Ould Weiss, déclare que l'organisation s'adonne à «des pratiques contraires aux principes de l'Islam». Ce mouvement de repentance intervient à un moment où cette organisation, multiplie ses menaces contre les pays occidentaux, notamment contre la France à laquelle Al Qaîda a exigé, dans un message audio, de retirer ses troupes de l'Afghanistan et de s'adresser directement à Ben Laden pour négocier la libération des otages. Pour les services de sécurité algériens, cette idée suspicieuse est de Droukdel, qui aurait agi de son propre chef pour évincer Abou Zeid, auteur des nombreux kidnappings des ressortissants étrangers au Sahel. La menace d'Al Qaîda a été rejetée par l'Elysée qui refuse qu'on lui dicte sa politique de l'extérieur. La Mauritanie s'est en quelque sorte inspirée du processus de loi portant sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, en vigueur en Algérie. La charte pour la paix et la réconciliation nationale tend la main aux islamistes armés qui n'ont pas commis de meurtre et prévoit jusqu'à leur mise en liberté sous contrôle judiciaire. C'est probablement cette initiative qui a mené plusieurs éléments mauritaniens de la nébuleuse d'Al Qaîda à se rendre à l'armée. Et contrairement à ce qu'avancent certains analystes, ce ne sont pas les rares offensives lancées conjointement par les armées mauritanienne et malienne qui auraient changé la donne. Des sources sécuritaires algériennes affirment que la saignée au sein de cette organisation est due aux nombreuses divergences entre les deux chefs terroristes: Droukdel et Abou Zeid, et au travail d'infiltration et de noyautage par des éléments des services qui a donné ses résultats. C'est dire qu'Abou Zeid et ses complices se trouvent dans l'oeil du cyclone. Cela est d'autant plus dramatique surtout que les pays concernés par la sécurité au Sahel sont sur le point de mettre à exécution un plan stratégique pour lancer des opérations militaires contre la nébuleuse. C'est en tout cas ce qu'avance le président malien dans un entretien diffusé par de nombreux organes de presse écrite et la télévision. Le président malien est intervenu pour dire qu'«Alger, Nouakchott, Niamey et Bamako programment des actions militaires communes dans la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique», et de souligner dans ce même contexte: «L'Algérie a fait une proposition. Nous avons mis ensemble, en place un état-major inter-alliés qui compte des officiers maliens, mauritaniens, nigériens et algériens. Cet état-major doit être opérationnel, en concevant et en programmant des actions militaires concertées et communes». Ainsi, après des mois d'égarement, le Mali est-il enfin revenu à de meilleurs sentiments? Les prochains jours et les futures actions nous le diront. Toujours au sujet de la lutte commune contre le terrorisme dans la région du Sahel, le président malien a déclaré il y a quelques jours au Parisien: «Al Qaîda au Maghreb islamique est un péril de plus en plus grand, même si sur le plan militaire, la réputation de cette organisation est surfaite.» Il a ajouté: « Je pense qu'obligatoirement, nous devons évoluer vers une action commune, notamment en ce qui concerne les menaces transfrontalières», et d'estimer après que son Etat ait agi seul pour la libération de plusieurs otages: «Si chacun fait sa guerre, ce sera pour un temps, sans résultat pérenne. Tous ensemble, nous pourrons arriver au bout de la menace.» Pour se racheter, le Mali avait accepté à deux reprises, soit en juillet et en septembre dernier, la présence de soldats mauritaniens. Ce choix qui ressemble à une sommation ne lui a été recommandé ni par l'Algérie qui tient toujours à préserver la souveraineté de chaque pays, ni par la Mauritanie qui a cherché à obtenir le titre de héros dans la région en jouant au gendarme, mais par une certaine puissance occidentale qui n'admettra jamais que ses intérêts soient remis en cause dans la région. Il s'agit de la France. Cette dernière intervient même à présent pour apprendre aux services de sécurité mauritaniens comment lutter contre le trafic de drogue en provenance de la Colombie au niveau des aéroports. La France semble avoir trouvé l'allié indéniable dans la région!