Non loin du cimetière, à la résidence universitaire Garidi 1, des syndicalistes du Snapap sont dans l'antichambre de la mort. Ils sont en grève de la faim depuis sept jours ; temps nécessaire pour que l'inanition occasionne des dégâts au corps des grévistes. L'un d'eux vient d'être évacué aux urgences de l'hôpital de Kouba pour malaise cardiaque. Visage creusé par le jeûne, l'on lit néanmoins dans leurs yeux une indescriptible soif de justice. Oui, car c'est pour s'élever contre l'injustice qu'ils ont opté pour cette forme extrême de revendication: ils reprochent au directeur de la résidence universitaire de Garidi 1 plusieurs griefs dont l'abus de pouvoir et l'entrave à la liberté syndicale, le détournement de postes budgétaires et le gel des salaires des vacataires. Ils sont donc huit personnes à observer encore une grève de la faim dont deux femmes. Une surveillance médicale leur est assurée le jour uniquement. Et l'inquiétude les gagne chaque nuit, car en cas de détérioration brutale de leur état, aucun véhicule n'est là pour leur transfert à l'hôpital. Pas même un téléphone. Cette action de grève a réussi à faire rallier, par sympathie, au rang des grévistes la majorité des travailleurs, voire tous les étudiants résidant dans la cité qui mangent à la cantine sans tickets, en guise de solidarité. Le Snapap va une nouvelle fois interpeller le ministre de l'Enseignement supérieur en vue du dénouement de ce conflit. Mais il menace qu'en cas de fin de non-recevoir de la part des pouvoirs publics, le ton ne pourrait que monter d'un cran. Un sit-in de wilaya de toutes les sections syndicales est d'ores et déjà programmé pour lundi. En attendant un regroupement national devant le cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur. D'ici à là, à la résidence universitaire Garidi 1, non loin du cimetière, huit personnes sont en danger. A l'origine une revendication: «Le Snapap a son mot à dire dans la désignation des responsables à la tête des établissements.» Rappelons que le Snapap a déjà fait parler de lui lors d'une précédente grève de la faim, un certain été 2001.