Bien que fortement représentée dans des secteurs comme celui de la justice, la santé ou l'éducation, la femme algérienne mène sa petite révolution. Malgré le poids de la religion, des traditions, des codes de la famille et pénal très «universalistes» selon les sociologues et hommes de loi, les femmes algériennes se réveillent. Victimes des décennies durant d'une société «machiste» sans limite, aux conséquences parfois fatales puisque pouvant aller jusqu'à la violence, certaines femmes sont déterminées à aller très loin dans leur action et faire valoir leurs revendications. Une conjoncture rendue possible par les nombreux postes de responsabilité qu'elles ont réussi à investir par le biais d'un brillant cursus universitaire. Ainsi, on les retrouve à la tête de tribunaux, de départements dans le secteur hospitalier... Elles ont pris conscience qu'elles ne pourront accéder aux mêmes postes de responsabilités que leurs collègues mâles qu'au prix d'efforts redoublés et soutenus. Il est évident que le silence n'est pas la solution la mieux indiquée pour se faire entendre. En moins d'une année, 7500 femmes ont subi des violences sexuelles. Si ces victimes ont décidé de sortir de leur mutisme inquiétant, c'est parce que le mal est profond. C'est souvent l'apparition de symptômes comme la dépression ou des troubles sexuels qui les incitent à accepter d'en parler. «C'est le premier pas vers la guérison», selon Jacques et Claire Poujol, psychologues, conseillers conjugaux et familiaux. Pourtant, la violence étend ses tentacules mais la femme résiste de fort belle manière. Le réseau Wassila a, encore une fois, brisé le mur du silence par la publication d'un livre intitulé Le livre noir. Ce travail de réflexion, qui se veut à la fois un témoignage et une plaidoirie, a dénoncé cette pratique moyenâgeuse qu'est la violence sous toutes ses formes. Le centre d'écoute de Bou-Ismaïl, le premier en Algérie, les associations comme SOS femmes en détresse...ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Bien représentée dans différents secteurs à l'instar de celui de la justice, la santé ou l'éducation, la femme algérienne mène sa petite révolution. L'avenir est prometteur dans ce sens. Les universités algériennes regorgent d'étudiantes prédestinées à de brillantes carrières professionnelles à moyen ou à long terme. A condition que leurs parcours ne soient pas perturbés par l'intervention d'un père ou d'un frère autoritaire. Armées d'une volonté de fer, les femmes sont prêtes à relever des défis pour leur «émancipation». Les exemples traduisant ce sursaut sont légion. Le plus inédit a eu lieu jeudi matin à Alger. Interdites à tenir un colloque international sous le thème «Stop à la violence! Les droits des femmes maintenant», des représentantes d'associations ont bravé tous les dangers et ont organisé leur rencontre dans le siège très exigu d'une association. Le prestige n'est point leur préoccupation majeure. Cette résistance farouche, proprement féminine, a fait de la femme le centre d'intérêt de certains «mastodontes» de la sphère politique. Les premiers responsables du FLN et du PT, à titre d'exemple, ont affirmé, à maintes reprises, que la femme doit être propulsée au plus haut niveau de la hiérarchie de l'Etat. Les partis ne sont pas les seuls acteurs et promoteurs de cette revendication récente. Comment s'explique cette anticipation au plan politique? La réponse est simple: on prépare dès maintenant une «guéguerre» qui pourrait opposer les deux sexes. Dans une dizaine d'années, le nombre de juges femmes qui était de 1001 sur 3300 juges recensés en 2008, ne sera pas des moindres. Prendre les rênes du pays sera, plus tard, le challenge de la gent féminine aux aspirations intarissables. Après avoir trouvé une mouture finale du nouveau Code communal, le département de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a pas manqué de revoir le statut de la femme. Sur le plan purement électoral, le projet de loi apporte, après plusieurs années, une nouveauté de taille: le rôle des femmes est désormais déterminant. En effet, c'est la présence féminine qui déterminera la majorité en cas d'égalité dans les suffrages exprimés. Ainsi, dans les articles 73 et 74, il est indiqué clairement qu'en cas d'égalité des voix entre deux listes, celle qui compte plus de femmes est prioritaire. Cependant, tant que la femme ne détient pas le levier politique, il serait trop tôt pour évoquer son émancipation proprement dite.