La question se pose désormais de façon incontournable tellement l'absentéisme récurrent des représentants du peuple, qui est devenu une seconde culture, semble bénéficier d'une totale impunité. La session de printemps de l'Assemblée populaire nationale (APN) qui a été clôturée jeudi lors d'une séance plénière orchestrée par son président Abdelaziz Ziari, a été marquée par l'absence d'une quinzaine de membres du gouvernement et d'une majorités d'élus. Le palais Zighoud Youcef mérite-t-il autant de mépris? L'enceinte de l'Assemblée populaire nationale porte le nom de l'emblématique commandant de la Wilaya II historique (Nord-Constantinois). Un des martyrs de la première heure de la guerre de Libération nationale. Les 380 élus qui ont l'insigne honneur de siéger au sein de l'Assemblée nationale grâce notamment au suffrage universel, ne peuvent l'ignorer. Comme ils ne peuvent ignorer toute la portée hautement symbolique du message de celui qui demeure l'une des figures les plus attachantes de la Révolution algérienne. Son sacrifice avait pour seul prix l'indépendance de l'Algérie et la dignité retrouvée de tout son peuple. Le mandat confié par le peuple à ses représentants qui siègent à l'intérieur du Palais Zighoud-Youcef consiste à l'élaboration de textes de loi qui doivent accompagner le développement du pays tout en tenant compte des préoccupations quotidiennes des citoyens. Et c'est à partir de là que plus rien ne va plus. Investi de cette mission qui consiste à faire résonner la voix du peuple, l'enceinte du Palais Zighoud Youcef qui a comme mission originelle de vibrer aux sons des harangues de ceux qui la peuple, comme aurait crépité la «Mat 49» de Zighoud tombé au champ d'honneur les armes à la main, est devenue paradoxalement muette. Sourde aux préoccupations quotidiennes des Algériens. Comble de l'histoire, les représentants du peuple dans leur majorité ignorent jusqu'aux paroles de «Kassaman», l'Hymne national! Les élus sont-ils les enfants gâtés d'institutions politiques dont le fonctionnement reste à l'état embryonnaire, parasitées par des mentalités archaïques? L'Assemblée populaire nationale est un des prototypes. A titre d'exemple, certains de ses membres qui soumettent des questions orales au gouvernement ont brillé par leur absence le jour où les ministres répondaient à leurs doléances. La flambée des prix des produits de consommation de base semble constituer le dernier de leurs soucis. Après tout, leur pouvoir d'achat représente vingt fois le Snmg, 300.000 dinars mensuels sans prendre en considération d'autres avantages. La question peut donc être évacuée. Aus cours de son allocution prononcée à l'occasion de la cérémonie de clôture de la session de printemps du Parlement, Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation, a dénoncé les absences répétitives de certains ministres et sénateurs lors des séances consacrées aux questions orales. Les deux chambres semblent être frappées du même syndrome. Les élus du peuple et les mem-bres du Sénat désignés par leurs pairs pour les deux tiers doivent-ils rendrent des comptes? La question se pose désormais de façon incontournable tellement l'absentéisme récurrent des représentants du peuple, qui est devenu une seconde culture, semble bénéficier d'une totale impunité.