La JSK, toujours elle, a réussi l'exploit de réconcilier le peuple avec lui-même. Avec la joie d'être. La JSK, incontestablement, représente un pan de l'histoire de la Kabylie en particulier et de celle de l'Algérie en général. Son pouvoir fédérateur transcende de loin celui des partis politiques, du mouvement des ârchs et, bien sûr, celui des représentants des pouvoirs publics. La joie affichée sur toutes les faces et toutes les devantures, qui a dépassé de loin les frontières virtuelles tracées par un groupuscule se trompant d'époque et de peuple, traduit à merveille les sentiments profonds qui animent les populations et, plus encore, leurs véritables aspirations. La victoire de la JSK, le temps d'un match, a aplani toutes les divergences. Dans la durée. Pas de slogans politiques. Ni en faveur de l'un. Ni en faveur de l'autre. Que des cris de joie. Cette joie sublime que seule une équipe comme la JSK a su redonner à une région endeuillée et déchirée par presque deux longues années de troubles sans précédents. La Kabylie a enfin renoué avec le sourire. La JSK, mais aussi la jeunesse, en ont seuls le mérite, si l'on excepte l'esprit sportif, qui sait si bien ignorer les barrières, aussi infranchissables soient-elles. La Kabylie, il faut le croire, n'attendait que le prétexte pour crier haut et fort son ras-le-bol de cette situation qui a sanctionné tous les citoyens, même les enfants dont beaucoup ne vont plus à l'école à cause du saccage de leurs classes transformées en bureaux de vote le 10 octobre dernier. La JSK, on s'en souvient, avait déjà été victime d'une tentative de manipulation de la part de certains groupes qui voulaient utiliser le poids incontestable de ce club sportif à des fins strictement politiques. L'on se souvient comment les joueurs, le président et même les supporters, comme un seul homme, avaient refusé de se retirer du championnat national, ce qui aurait eu pour effet désastreux d'isoler la région du restant du pays, et même de drainer, dans ce sillage aventureux, les plus indécis des citoyens pour qui la JSK a toujours raison, qu'elle perde ou qu'elle gagne. Le sport, qui n'en est pas à un miracle près, vient, peut-être, de réaliser celui de mettre un terme à presque deux années de troubles dont la finalité devenait invisible même aux plus avisés des observateurs. En effet, à la suite de la satisfaction d'une partie non négligeable des points contenus dans la plate-forme d'El-Kseur, et que le chef de l'Etat lui même l'eut décrétée «légitime» et «recevable», il eût été logique que le choses entrent dans l'ordre graduellement. Les troubles, qui avaient accompagné les deux opérations de vote dans cette région, en dépit de l'entrée en lice du FFS lors des élections locales, avaient manqué de projeter la Kabylie vers des dérapages aux conséquences inéluctables, comme n'avait pas manqué de le souligner le président de ce parti, Aït Ahmed craignant carrément des dérapages vers des «bains de sang». Mais, sans doute, était-ce compter sans la JSK, ce ciment à nul autre pareil qui a réussi là où tout le monde a échoué. Elle a rappelé que l'Algérie est une et indivisible. Que les conflits, aussi envenimés soient-ils, ne doivent pas céder la place à la haine et aux anathèmes jetés de manière inconsidérée comme autant de pierres venues casser un édifice durement reconstruit après les années de divisions ethniques laissées par la politique colonialiste. Les appels au calme et à un dialogue serein et responsable ne doivent plus rester sans écho. La JSK vient de donner une nouvelle leçon de tolérance, de respect de l'autre et d'esprit sportif. Elle nous a, surtout, rappelé que quand la JSK gagne, c'est le drapeau algérien qui flotte. Et ça, c'est plus important que tout...