Marche populaire, manifestations devant les ambassades algériennes, agressions verbales contre le Parti populaire espagnol...le pouvoir marocain tire dans tous les sens. Le Maroc est K.-O. debout. Comment organiser la riposte? Comme un boxeur sur le point d'aller au tapis, il lance des coups à la godille. L'espoir d'échapper à la sanction suprême est toutefois bien mince. Il joue malgré tout son va-tout. Lorsque les choses vont mal, le Maroc pointe du doigt l'Algérie, en priorité. Et quoi de plus facile d'aller crier son malaise sous les fenêtres des représentations diplomatiques algériennes. «Une grande manifestation a eu lieu samedi après-midi devant l'ambassade d'Algérie à Bruxelles pour dénoncer les allégations mensongères du Polisario et la campagne haineuse menée par les ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume. Les manifestants, venus de plusieurs villes de Belgique, de France, d'Allemagne et des Pays-Bas, ont réitéré haut et fort leur attachement à l'unité territoriale du Royaume et leur mobilisation derrière S.M. le roi Mohammed VI», a rapporté une dépêche de l'agence de presse officielle marocaine MAP datée du 27/11/2010. Les images relayées par la TV franco-marocaine Medi1 n'ont pourtant montré qu'une poignée de personnes brandissant des drapeaux marocains! Le pouvoir marocain qui parle d'allégations mensongères et de manipulation devrait s'observer un peu plus dans la glace et cesser de se regarder le nombril. Le royaume est en ébullition. C'est une certitude. Une marche regroupant des organisations satellites et des partis politiques acquis au Makhzen, a été organisée, hier, pour protester contre la résolution votée par le Parlement européen et mener campagne contre le Parti Populaire espagnol, accusé de tous les maux. «La marche de Casablanca sera ainsi une occasion propice pour dénoncer également la résolution partiale du Parlement européen sur les évènements de Lâayoune, notre mission est de défendre la marocanité du Sahara et de soutenir ainsi le projet d'autonomie dans les provinces du Sud, et ce, pour faire face, notamment aux manoeuvres des ennemis (l'Algérie et le Front Polisario, Ndlr) de l'intégrité territoriale du Royaume», ont confié des participants à cette «démonstration», selon MAP. Il y a comme un vent de panique qui souffle sur le Royaume. La terre semble avoir tremblé sous les pieds des responsables marocains après l'adoption par le Parlement européen, jeudi dernier, de la résolution condamnant l'assaut lancé par les forces d'occupation marocaines contre le camp de réfugiés sahraouis de Gdeim Izik. «Le Parlement européen exprime sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville d'El Aaiun», indiquait le texte adopté par la majorité des élus européens qui a circulé comme une traînée de poudre. Rabat a été mis K.-O. Choquée, la capitale politique du Royaume essaie de faire bonne figure et désigne le Parti populaire espagnol, qui semble être devenu sa bête noire, comme responsable de ce cinglant revers diplomatique. Il s'agit «d'une résolution précipitée, partiale, injuste et non objective. Nous regrettons énormément que le Parlement européen, dont nous respectons toutes les composantes en tant qu'incarnation de la volonté populaire européenne, ait donné raison au Parti populaire espagnol, qui s'est engagé dans une campagne hostile et effrénée contre le Maroc», a déclaré Khalid Naciri, le ministre marocain de la Communication, lors d'un point de presse et à l'issue de la réunion d'un conseil de gouvernement. A l'instar des troupes qu'il tente de mobiliser pour le soutenir, le gouvernement marocain veut marcher sur le Parlement européen. Le chef de la diplomatie marocaine a indiqué qu'il allait se rendre le 1er décembre à Strasbourg. Taïeb Fassi Fihri veut «démontrer le caractère partial, injuste et déséquilibré de la résolution», a rapporté le quotidien espagnol El Pais qui a recueilli les propos du ministre marocain dans une interview publiée samedi. L'histoire semble vouloir se réécrire après la Marche verte en 1975, l'assaut sanglant contre le camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010, le pouvoir marocain part à la «conquête» du Parlement européen. Il serait toutefois étonnant qu'il puisse entrer à Strasbourg comme on entrerait dans une auberge... espagnole.