Un an après la déception de Copenhague, la communauté internationale était réunie depuis hier à Cancun, au Mexique, pour tenter de redonner souffle et crédibilité aux négociations sur le changement climatique. Sur plus de 190 pays attendus, 132 étaient représentés à la cérémonie d'ouverture qui s'est tenue dans un grand hôtel de la cité balnéaire, où auront lieu les négociations jusqu'au 10 décembre. «Le changement climatique est déjà une réalité pour nous», a déclaré le président mexicain Felipe Calderon, citant les pluies intenses et ouragans qui ont frappé son pays cette année, après une grande sécheresse en 2009. «Ces deux semaines, le monde entier aura ses yeux posés sur vous (....), ce serait une tragédie de ne pas dépasser les intérêts nationaux», a-t-il lancé aux équipes de négociateurs. A partir du 7 décembre, les négociateurs seront rejoints par les ministres de l'Environnement et/ou de l'Energie de leur pays, chargés d'acter un certain nombre d'avancées. Ces discussions sont perçues par beaucoup comme celles de la dernière chance pour restaurer la confiance envers le long et complexe processus de négociation lancé par l'ONU, il y a 18 ans, pour trouver une réponse au défi du changement climatique. Très attendue et médiatisée, la conférence de Copenhague a frôlé le fiasco et accouché d'un accord, conclu à la hâte par une vingtaine de chefs d'Etat, qui fixe comme objectif de limiter le réchauffement à 2 degrés, mais sans proposer de calendrier et en restant évasif sur les moyens d'y parvenir. A Cancun, il n'est plus question de chercher à obtenir un accord global et contraignant pour la période post-2012 - fin de la première période d'engagement du Protocole de Kyoto qui fixe des contraintes chiffrées en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre aux pays industrialisés (sauf USA). Les ambitions sont bien plus modestes: un «jeu de décisions équilibré» qui servirait de «fondation» à d'autres accords, selon la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres. Des avancées semblent possibles sur des dossiers tels que la lutte contre la déforestation ou la création d'un Fonds vert, par lequel doit transiter une partie des 100 milliards de dollars par an promis d'ici 2020 aux pays les plus pauvres. «Il faut que la conférence nous permette d'accomplir ces progrès, sinon le processus des Nations unies sur le changement climatique risque de s'essouffler et de perdre de l'intérêt», a averti lundi la Commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard. De son côté, Mme Figueres a utilisé la métaphore de la «tapisserie» à tisser. «Il faut accomplir plus d'efforts», a-t-elle lancé aux délégués. «Une tapisserie avec des trous ne fonctionnera pas, et on ne peut combler les trous qu'avec des compromis». L'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), particulièrement exposée au changement climatique et la montée du niveau des océans, a lancé un cri d'alarme, appelant aux «plus hautes ambitions avec la plus grande urgence». «Nous ne voulons pas être les oubliés, les pays sacrifiés, du XXIe siècle», a lancé le négociateur du Cap Vert, Antony Lima. «Nous voulons survivre et pour survire, nous avons besoin de la solidarité de ceux qui peuvent faire quelque chose pour le climat». A la veille du début des travaux, le négociateur américain, Jonathan Pershing, s'est voulu optimiste, affirmant que les positions de Washington et Pékin, les deux principaux émetteurs de CO2 de la planète, s'étaient rapprochées.