Indigènes, scientifiques, syndicalistes et politiques se sont réunis la semaine dernière en Bolivie à l'occasion d'une «Conférence des peuples» sur la lutte contre le réchauffement climatique. Les participants à ce forum alternatif sur le climat qui se tient à Cochabamba depuis mardi dernier souhaitent la création d'un «tribunal de justice climatique» qui permettra de faire payer les délits contre l'environnement. Cette initiative du président Evo Morales vise en priorité les pays les plus riches. «Tôt ou tard, ces pays finiront par accepter l'idée d'un tribunal pour crimes contre l'environnement», a assuré le président bolivien. A ce propos, l'ambassadeur bolivien à l'ONU, Pablo Solon, a menacé de saisir la justice internationale contre les pays riches si les négociations ne s'achevaient pas sur un accord lors du sommet de Cancun, au Mexique, prévu à la fin de l'année. «S'il n'y a pas de compromis sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), l'État bolivien veut déposer plainte contre les pays développés […] devant la Cour internationale de justice de La Haye, la plus haute autorité judiciaire de l'ONU», a averti Pablo Solon. Le Mexique accueillera à la fin de l'année la prochaine conférence internationale sur le climat qui était censée rattraper l'échec de Copenhague en décembre dernier. Mais il semble bien que Cancun ne fera que rééditer Copenhague. Lors de la réunion de Bonn, le mois dernier, qui devait justement tenter de faire avancer les choses et préparer Cancun, les négociations ont fait du surplace et aucune avancée notable n'a été enregistrée, ce qui fera dire à Yvo de Boer, le chargé du dossier climat auprès de l'ONU, qu'il était très peu probable que les négociations sur la réduction des émissions des GES aboutissent à un accord contraignant en 2010. L'échec est ainsi annoncé. En réaction, la Bolivie, refusant cet état de fait qui arrange bien les économies riches, assure qu'elle n'hésitera pas à «agir avec les mécanismes légaux existants pour prouver le non-respect par les pays de la Convention-cadre de l'ONU sur le changement climatique et le Protocole de Kyoto». R. C.