Depuis jeudi, une nouvelle affaire, sur fond d'armes atomiques, se développe entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Pyongyang aurait admis, selon Washington, qu'elle poursuivait, en secret, un programme nucléaire, en violation des accords auxquels est tenue la Corée du Nord, notamment l'accord américano-nord-coréen de 1994. La nouvelle crise du nucléaire nord-coréen surgit au moment où les Etats-Unis essaient de rallier la communauté internationale à une attaque militaire contre l'Irak. L'annonce par Washington, de l'«aveu» nord-coréen de l'existence d'un programme nucléaire a été accueillie avec «préoccupation» par les principales capitales mondiales. Tout semble avoir commencé au lendemain de la visite à Pyongyang, les 4 et 5 octobre derniers, de James Kelly, secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Extrême-Orient et du Pacifique, lequel devait faire, avec les dirigeants nord-coréens, le point sur la normalisation des relations américano-nord-coréennes. Lors de cette visite, le diplomate américain a fait savoir à ses interlocuteurs nord-coréens que les Etats-Unis «étaient au courant de leur programme nucléaire, en violation de l'accord de 1994». Les responsables nord-coréens auraient répondu que l'accord (américano-nord-coréen) en question sur le nucléaire était «annulé» et, selon toujours les Américains, ces responsables auraient «reconnu qu'il y avait un programme». L'annonce avait eu l'effet d'une bombe, et il n'en fallait pas plus pour semer l'inquiétude parmi les voisins de la Corée du Nord, notamment. Aussi, les Américains prennent-ils au sérieux cette nouvelle crise entreprenant des consultations avec leurs «amis et alliés» en envoyant des délégations dans d'autres pays, pour discuter de la crise qui s'amorce avec le pays du matin calme. Ainsi, le secrétaire d'Etat adjoint, chargé de l'Extrême-Orient et du Pacifique, James Kelly, et le sous-secrétaire d'Etat adjoint au Contrôle des armements et à la Sécurité internationale, John Bolton, s'étaient-ils rendus, hier, à Pékin pour discuter avec les responsables chinois de la situation créée par l'«aveu» nord-coréen. Cependant, adoptant, pour le moment, un profil bas Washington, selon les déclarations du porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, se dit «troublé» par cet «aveu» qui «porte à réfléchir». Dans ce contexte, Scott McClellan indique: «Nous allons réagir par les canaux diplomatiques (....) et nous continuons de chercher une solution pacifique» dénonçant toutefois «une violation très sérieuse du traité de non-prolifération nucléaire». Cette nouvelle donne a fait écrire, hier, au Washington Post: «Cet aveu pose pour la politique étrangère du président Bush un défi sérieux inattendu, alors qu'il se prépare à une confrontation avec Saddam Hussein, que des milliers de militaires américains sont en Afghanistan et que des attentats sont commis au Yémen et en Indonésie.» Bref, M.Bush qui, plus gendarme du monde que jamais, démontre un activisme tous azimuts (une équipe d'experts américains enquête depuis la semaine dernière à Kiev sur des radars que l'Ukraine aurait livrés à l'Irak) se trouve face à une crise aussi grave que celle avec l'Irak avec, en sus, le risque d'engendrer un effet boule de neige. De fait, les propos sibyllins qu'aurait tenus, le mois dernier, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Il, lors de la visite historique, à Pyongyang, du Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, rapportés hier par le quotidien Sankei Shimbun, laissent perplexe. Selon le journal nippon, le dirigeant nord-coréen, aurait déclaré au chef du gouvernement japonais que «l'issue d'une éventuelle guerre nucléaire avec les Etats-Unis n'était pas prévisible» affirmant: «Personne ne peut dire d'avance si les Etats-Unis ont l'avantage en ce domaine.» Interrogé par la presse, hier, le Premier ministre japonais a refusé de confirmer ou de démentir ces affirmations, indiquant: «Je ne dirai rien sur les propos tenus lors du sommet des dirigeants (nippo-nord-coréen) tant que ces propos n'ont pas déjà été (officiellement) publiés.» Dans l'attente d'autres précisions, la communauté internationale demeure dans l'expectative, demandant confirmation d'une information qui, pour le moment, est le seul fait des Etats-Unis. Aucune confirmation n'étant venue corroborer les assertions américaines. Mais d'ores et déjà les ingrédients d'une nouvelle crise majeure se pointent à l'horizon.