Le président de la Cncppdh épingle le Maroc au sujet du trafic de drogue. «Une arme de destruction massive contre l'Algérie.» C'est en ces termes que le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a qualifié, jeudi dernier, le trafic de drogue qui prospère aux frontières algéro-marocaines. «Etre un voisin du Maroc n'est pas une chose facile», a-t-il lancé lors d'une rencontre-débat au Centre de presse d'El Moudjahid ayant pour thème la situation des droits de l'homme en Algérie. Ce commerce «engendre des fléaux multiples au sein de la jeunesse algérienne», a-t-il ajouté. M.Ksentini a d'ailleurs rappelé, au cours de son intervention, que des milliers de jeunes algériens sont impliqués dans des affaires en justice à cause de cette drogue en provenance de ce pays limitrophe. Il est «impératif d'aller vers une solution dans ce dossier», a-t-il insisté. D'énormes quantités de stupéfiants en provenance du Maroc sont en effet destinées à alimenter le marché algérien. Depuis des années, de multiples opérations sont menées aux frontières Ouest du pays pour intercepter et saisir les centaines de tonnes acheminées depuis le Royaume chérifien. Toutefois, la lutte contre le trafic de drogue constitue, aujourd'hui, une autre pomme de discorde entre Alger et Rabat. Même si une certaine coopération entre ces deux pays maghrébins demeure indispensable pour lutter contre ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur dans la région. «L'essentiel, c'est d'échanger les expériences, de tirer les leçons et de faire une expertise dans chaque pays pour lutter contre le phénomène de la drogue qui prend de plus en plus d'ampleur», a affirmé, jeudi dernier, Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Ce dernier s'exprimait lors du séminaire régional organisé sous le thème «Formation à la création d'observatoires nationaux et de centres ressources dans le domaine de l'usage de drogues» qui s'est tenu depuis mardi à Rabat. Sur la création de ces observatoires dans l'ensemble des pays méditerranéens, M.Sayah a précisé que «le principe est acquis malgré le fait que les choses soient à l'état embryonnaire». Il a cependant ajouté concernant ces «organismes» que «chaque pays a sa vision sur ces observatoires». Les différents intervenants à ce colloque ont, par ailleurs, insisté sur l'obligation de trouver «de nouveaux mécanismes de lutte contre la drogue». Ces observatoires ont pour principal objectif la construction d'un «socle de la collecte de données et de statistiques véridiques, aidant à l'élaboration de politiques de lutte contre la toxicomanie». Des experts et des spécialistes de nombreux pays méditerranéens étaient présents à ce séminaire organisé par le réseau de coopération Med Net sur les drogues et la toxicomanie dans la région méditerranéenne. Le réseau Med Net, dont l'Algérie est membre, a tenu, hier, sa 9e réunion semestrielle au cours de laquelle le rapport d'activité annuel 2010 et le plan d'action du réseau pour l'année 2011, seront adoptés. Chaque pays a présenté les opérations qu'il compte entreprendre dans la lutte contre la drogue et la toxicomanie l'année prochaine. Selon M.Sayah, «l'Algérie présentera 12 actions sous forme de séminaires, avec le concours du Groupe Pompidou par l'envoi d'experts pour chaque thème».