Ce sont des propos dignes d'un véritable réquisitoire que maître Ksentini, président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) a tenu à l'encontre du Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde. Invité jeudi au forum d'El Moudjahid, maître Mustapha Farouk Ksentini a en effet tiré à boulets rouges contre le royaume chérifien qu'il accuse ouvertement de tentative de destruction massive de la jeunesse algérienne. «Je considère que la drogue marocaine est une arme de destruction massive employée contre l'Algérie», a-t-il martelé. Sur sa lancée, il ajoutera que la solution répressive se traduisant par la mise en place en Algérie de mécanismes de lutte contre ce fléau, où il est question notamment de peines d'emprisonnement à l'encontre des consommateurs de cannabis, reste insuffisante. Il est urgent, préconise maître Ksentini, «de prendre des dispositions politiques à l'encontre du Maroc», a-t-il soutenu, en qualifiant de «belliqueux» le tempérament des dirigeants du royaume chérifien. La drogue en provenance du Maroc a pratiquement envahi toutes les villes et villages d'Algérie, comme en témoignent à juste titre les saisies et les arrestations de personnes qu'effectuent au quotidien les services de sécurité à travers l'ensemble du territoire du pays. La situation est dramatique puisqu'il y va de l'avenir de pans entiers de la jeunesse algérienne sérieusement compromis en raison de l'ampleur prise par le fléau de la drogue. Le cri d'alarme lancé jeudi par le président de la CNCPPDH se veut une interpellation en bonne et due forme des autorités algériennes quant à la nécessité d'envisager une série de mesures d'ordre politique visant non seulement à condamner le Maroc, faisant de la production du cannabis un moyen de promotion de son économie nationale, mais également allant dans le sens de réduire l'impact nocif de la consommation de drogue en Algérie. Dans le même ordre d'idée, le président de la CNCPPDH ne manquera pas de dénoncer les sévices et autres exactions qu'exerce le Maroc sur le peuple sahraoui, en réitérant le soutien de l'Algérie pour ce dernier, sans omettre de préciser que la question du Sahara occidental ne constitue rien d'autre qu'un sérieux problème de décolonisation. La situation des droits de l'homme en Algérie s'améliore Maître Farouk Ksentini soutient, par ailleurs, que la situation des droits de l'homme en Algérie enregistre une nette amélioration. C'est d'ailleurs ce qui est mentionné dans son rapport que le président de la CNCPPDH aura à soumettre au chef de l'Etat avant la fin de l'année. Selon l'invité du forum d'El Moudjahid, les quelques insuffisances recensées en matière de droits de l'homme ne Algérie se rapportent au volet social, en particulier l'accès au logement. A ce propos, maître Ksentini a souligné que «l'Algérie cumule un retard d'une trentaine d'années», tout en mettant l'accent sur les efforts consentis par l'Etat depuis 1999 visant à réduire l'impact de la crise du logement. L'autre point contenu dans le rapport de maître Ksentini, où il est fait état de «pas considérables» réalisés dans le domaine de la liberté de la presse, se rapporte à la nécessité de procéder à l'ouverture de médias lourds au privé, et ce, «avec un cahier des charges bien défini dans le sens de parer à tout genre de dépassements». L'orateur déplore, en outre, la condamnation des non-jeûneurs par la justice, tout comme il estime que l'acquittement des cadres de la Cnan poursuivis dans le cadre de l'affaire du naufrage du Béchar est la preuve que «la justice fonctionne indépendamment». Maître Ksentini estime que le maintien de l'état d'urgence obéit à «un impératif sécuritaire», en précisant que l'influence de l'état d'urgence, qu'il souhaite voire cesser dans les meilleurs délais, est quasi nulle sur le vécu des citoyens.