L'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy ne fait qu'affirmer la protection qu'assure Paris au Royaume chérifien. Le Maroc est bien protégé, semble-t-il, par l'autre rive de la Méditerranée. Soutenant la position de Paris, Rachida Dati, députée européenne du parti présidentiel, UMP, de Nicolas Sarkozy, a réitéré son appui à la position exprimée par la France quant à la résolution du Parlement européen (PE) appelant à la constitution d'une commission d'enquête sur les événements dont a été victime le peuple sahraoui dans les territoires sahraouis occupés. Le Parlement européen s'est prononcé, rappelle-t-on, en faveur de la mise sur pied d'une commission parlementaire aux fins d'enquêter sur l'agression de l'armée marocaine contre le camp sahraoui de Gdeim Izik dans la périphérie d'El Aâyoune. Une décision à laquelle l'ancienne ministre française de la Justice, d'origine marocaine, s'oppose. «Je me suis opposée à cette résolution. La délibération ne devait pas avoir lieu», a-t-elle dit, hier, lors d'un point de presse animé à l'Institut supérieur national des sciences politiques, à Ben Aknoun. Invitée à donner une conférence-débat sur le thème «Quel avenir pour l'Union pour la Méditerranée?», Mme Dati, également, maire du VIIe arrondissement à Paris, n'a pas hésité à venir au secours du Maroc à propos des événements évoqués. Selon les explications données par la députée européenne, les «raisons» de son opposition seraient, selon elle, la précipitation qu'aurait mis le Parlement européen à examiner cette question. Précipitation? Il faut croire que le temps ne compte pas pour Mme Dati alors que ce dossier est en instance depuis «seulement» 35 ans. Trois fois rien. «Le vote de la résolution ne devait pas avoir lieu au mois de novembre, mais, plutôt, au mois de décembre. Le vote a été avancé très rapidement, alors qu'il n'y avait pas eu de débat ni d'informations nécessaires. Nous n'avions aucun élément d'information sur ce qui s'est passé», argue-t-elle, totalement en décalage par rapport à un dossier de décolonisation pris en charge par les institutions internationales. Rachida Dati affirme ainsi qu'elle «ne pouvait» pas «voter une résolution dont j'ignore les éléments d'information». Il est fort possible, sinon probable que les occupations de Mme Dati ne lui permettent pas de suivre assidûment les événements qui marquent notre région, mais de là à dire qu'elle n'a pas d'informations sur ce qui s'est passé à El Aâyoune, alors que les médias du monde entier ont fait état des exactions commises par l'armée d'occupation marocaine contre une population sahraouie désarmée, voilà qui laisse dubitatif, surtout pour une députée censée suivre de près toute l'actualité politique et diplomatique dans le monde et plus particulièrement dans la région méditerranéenne. Lors de la conférence-débat à laquelle ont assisté des étudiants et des professeurs universitaires, Mme Dati a demandé à ce que des «éclairages soient faits sur les douloureux événements qui se sont produits à El Aâyoune». Des éclairages? «Oui», répond-t-elle. Et de préciser qu'il y avait de fausses informations qu'on doit vérifier. Mme Dati a avancé des arguments spécieux, peu convaincants. Cela aurait été simple, sinon courageux, d'épouser la position indéfendable de l'occupant marocain, plutôt que de chercher des prétextes vaseux quant à sa «non-information des événements douloureux d'El Aâyoune». Rachida Dati reste ainsi, dans la ligne diplomatique tracée par Paris par rapport à la question sahraouie. De fait, la France n'a pas hésité à brandir son veto pour bloquer le Conseil de sécurité sur la question de la répression sanglante de la population sahraouie d'El Aâyoune. Effectivement, Mme Dati reprend à son compte le même leitmotiv défendu par Taieb Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères. «La résolution du Parlement européen est précipitée et partiale. Précipitée car nous avions convenu avec la conférence des présidents que la résolution allait être adoptée en décembre prochain», avait-il réagi après le vote de la résolution du PE. Ce passage explique, clairement, la complicité qui existe entre les deux capitales. Rabat ne fait que défendre les arguments que Paris lui dicte. Cette complicité s'est confirmée au moment où de nombreux pays avaient condamné et dénoncé les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville d'El Aâyoune.