Au mois de juin prochain, les deux leaders du FIS auront purgé 12 années de détention. Des sources proches de la défense des deux anciens responsables du FIS ont révélé à L'Expression que la libération de Abassi Madani et d'Ali Benhadj est proche. L'argument est infaillible dans la mesure où leur peine arrive à expiration dans moins d'un an. Au 30 juin prochain, ils auront purgé 12 années de détention. L'allégement de leur peine pourrait détendre les rapports après un durcissement qui a fait le lit du terrorisme. Selon les mêmes sources, les donnes politiques ont totalement changé depuis 1991. Aucun responsable politique de la crise de juin 1991 ne figure au gouvernement, même si on relève le retour d'anciennes têtes dans les Assemblées élues. Mieux, les faucons de la grande muette sont supposés être éloignés des centres de décision, explique-t-on. Par conséquent, les réticences politiques sont éliminées. C'est également le cas de le dire pour la nébuleuse des médias. Ceux qui monopolisaient la parole dans les années 90 ne le font plus. D'autres journaux, plus ouverts sur la liberté de pensée, ont vu le jour, depuis. Sur le plan politique, en termes d'impact des leaders du FIS sur les foules, la situation a fondamentalement changé. Ceux qui ont aujourd'hui 20 ans - c'est-à-dire ceux qui votent - ne connaissent pas Abassi Madani, encore moins Ali Benhadj. C'est dire que le facteur temps a fait son effet. Désormais, ils peuvent sortir et se balader dans les rues sans que personne se retourne. Le général Lamari y a fait allusion dans sa déclaration-fleuve faite à la télévision. Les deux leaders de l'ex-FIS appartiennent à l'Histoire. La tâche des historiens ne sera pas aisée car ils auront à rendre à César ce qui appartient à César. Rappelons en outre qu'il y a quelques semaines, l'état de santé de Abassi avait décliné et fait les unes des journaux. L'ancien président du FIS a dû adresser une lettre-testament à ses anciens militants. Le frère de Benhadj a, de son côté, fait beaucoup de bruit pour attirer l'attention sur le cas de Ali. Certains observateurs ont vite fait le lien avec leur relaxe, somme toute envisageable. Le mandat actuel du Président Bouteflika, qui est supposé être la dernière étape de la longue transition, prépare la véritable alternance au pouvoir, loin des querelles byzantines des nouveaux clercs qu'ils soient éradicateurs ou islamistes irréductibles. La future carte politique se fera sans aucun doute sur la base des réalités politiques qui représentent les différentes sensibilités de la société algérienne. Et personne n'aura plus le loisir de se proclamer «démocrate» ou «messie».