Des responsables de l'ambassade de France à Alger, contactés hier, ont assuré qu'il n'y a aucune restriction de visas aux Algériens. Les recommandations du ministre français de l'Intérieur et de l'Immigration, Brice Hortefeux, pour la réduction des visas de court séjour pour les Algériens avaient «le mérite de la clarté». C'est Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger, qui, à la faveur d'une interview accordée à la Radio nationale, a estimé que les Algériens et les Maghrébins «ont des raisons légitimes de se déplacer en Europe», affirmant que «la question des visas de court séjour est cruciale pour les millions d'Algériens et Maghrébins de bonne foi». Pour rappel, Brice Hortefeux a annoncé, lundi 13 décembre, une réunion qui se tiendra en février avec les consuls de France pour demander plus de vigilance dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas être des «passeports pour la clandestinité». L'Algérie figure parmi les pays visés par cette restriction. «Indéniablement, le message du ministre de l'Intérieur français pour la réduction des visas de court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi méritent de la clarté», a par ailleurs affirmé M. Benatallah sur les ondes. Le taux de délivrance des visas aux Algériens était de 72,93% en mai 2010, et en 2009, le consulat de France à Alger a délivré aux Algériens 24.448 visas à entrées multiples d'une durée de validité d'au moins un an. Allons-nous donc voir désormais, ces chiffres se réduire comme une peau de chagrin? Toutefois et d'après des sources diplomatiques crédibles de l'ambassade de France à Alger, «aucune instruction n'a été pour l'instant communiquée au service des visas et la délivrance de ces derniers obéit à la réglementation Schengen». Autrement dit et d'après les mêmes sources, le régime d'octroi des visas dépend d'une politique commune de la communauté Schengen. Toujours et d'après ces mêmes sources, la délivrance des visas pour les Algériens n'est tributaire d'aucun régime de quotas, comme signifié à maintes reprises par le consul et l'ambassadeur de France à Alger. Ces déclarations ont donc lieu alors que la communauté algérienne établie en Europe subit les répercussions de la crise économique comme elle est victime du climat général marqué par la montée de la xénophobie. Un constat également rappelé par le secrétaire d'Etat algérien, avant-hier à Tripoli (Libye). M.Benatallah s'est ainsi exprimé lors d'une réunion des ministres en charge de la Migration des pays du dialogue 5+5 qui ont tenu leur 7e conférence. Le secrétaire d'Etat s'est, en outre, interrogé sur les implications du Pacte européen sur l'immigration et l'asile, déplorant, à ce propos, le verrouillage de l'accès au territoire européen. M.Benatallah a, également, évoqué la question de l'intégration considérée comme étant un échec de l'aveu même des responsables européens Il a appelé à développer, au sein du groupe des 5+5, une «approche effective articulée autour de projets concrets à élaborer au sein du comité de suivi qu'il convient de réactiver». La problématique de la migration sous ses différents aspects, ainsi que la corrélation entre celle-ci et le développement a dominé les interventions des représentants des pays concernés qui, dans leur ensemble, préconisent une «approche globale prenant en compte les causes réelles de ce phénomène», Cette déclaration de M.Halim Benatallah, intervient en effet, au moment où la scène politique française connaît une certaine effervescence, notamment à la suite des propos jugés de racistes, servant des visées électoralistes et dont l'auteur n'est autre que Marine Le Pen. Cette dernière a essuyé, à la faveur de ses déclarations, le courroux d'une bonne partie de la classe politique française. Martine Aubry, première responsable du Parti socialiste français (PS) s'est dite choquée par les propos xénophobes de la fille de Le Pen, laquelle a qualifié vendredi dernier, à Lyon, les prières de rue des musulmans d'«occupation». A priori, le secrétaire d'Etat algérien a également ciblé ce genre de position en reprochant aux pays européens d'ignorer la détresse humanitaire, corollaire de la politique de restriction drastique des visas. Puisque et presque au même moment de l'intervention de l'officiel algérien, les gardes-cotes tunisiens ont intercepté une embarcation de harraga à destination des côtes de la Sardaigne. Aussi, pour M.Benatallah, les Algériens et les Maghrébins «ont le droit légitime de se déplacer en Europe» affirmant que «la question des visas pour court séjour est cruciale» et qu'elle sera même «à l'ordre du jour pour les prochaines négociations consulaires bilatérales».