Tayeb Belaïz examinera avec les Américains les moyens de coopération dans la lutte antiterroriste. On n'a jamais accordé autant d'importance au phénomène du terrorisme dans le monde. La menace transnationale est aujourd'hui la préoccupation primordiale de toutes les nations, aussi bien occidentales que dans le Monde arabe. Il va sans dire que la grande mobilisation politique et diplomatique entre dans le cadre des mécanismes à développer pour affronter la menace qui ne connaît pas de frontières. De nombreuses rencontres ont été organisées ces deux derniers mois, la plus récente à Alger où se sont réunies pas moins de 200 personnes dont des hauts cadres militaires du continent africain suite à l'appel du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme. L'approche avait pour objectif de renforcer les efforts et serrer les coudes afin de faire face au terrorisme, non sans avoir mis en avant les grandes lignes d'un processus de loi commun entre les pays où la menace terroriste est omniprésente, à l'image du Sahel. La rencontre a abouti à des résolutions approuvées par les participants et qui s'accordent à déterminer les moyens logistiques à engager pour un échange inconditionnel de renseignements vérifiables avec la création d'une banque de données accessibles à tous les services de renseignements des pays concernés. Dans ce contexte, le directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme, M.Francisco Cactano José Madeira, qui a été désigné pour assumer les fonctions de coordinateur principal des politiques de l'UA de lutte contre le terrorisme, souligne en la présence des participants venus de tout le continent africain: «Je vais servir en tant que coordinateur principal de l'UA de lutte contre le terrorisme, promouvoir ses mesures, oeuvrer, entre autres, au renforcement de la coordination et l'échange des informations entre les organes compétents, les Etats membres et les partenaires.» Dans son intervention, le coordinateur principal ne manquera d'expliquer, à tous, l'importance que constitue la politique sécuritaire dans l'échange des informations et notamment, sur le projet de loi-type africaine sur la lutte antiterroriste. Pour cet intervenant, le danger que revêt le terrorisme est la plus grande menace du siècle qui sévit contre la sécurité et la paix de la planète. Il exposera notamment les objectifs ciblés en ce qui concerne le retour à la paix, la stabilité et le développement du continent africain. Il a été question, lors de cette rencontre, de ramener le débat sur les failles qui entravent une coopération exemplaire et c'est le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, M.Ramtane Lamamra, qui abordera ce chapitre en soulignant: «Les principaux facteurs entravant la coopération internationale en matière pénale sont le manque de législation mise à jour en constance adaptation sur la lutte antiterroriste et une coopération internationale efficace constitue la pierre angulaire d'une réponse pénale au terrorisme transnational.» L'absence des tribunaux internationaux est pour cet intervenant la plus grande faille et à ce sujet il indique: «Etant donné qu'il n'existe pas de tribunaux internationaux pour juger les auteurs et les complices des actes de terrorisme, l'obligation de traduire les auteurs de ces actes criminels devant la justice incombe aux tribunaux nationaux.» Dans ce même contexte il a relevé: «Cependant, les opérations de lutte contre le terrorisme revêtent par nature, un caractère et une portée transnationaux et exigent l'implication d'enquêteurs et des procureurs de travailler en étroite collaboration avec leurs homologues dans d'autres pays afin de rassembler les preuves au-delà des frontières.» C'est peut-être dans cette perspective que le ministre de la Justice, garde des Sceaux algérien, M.Tayeb Belaïz, effectuera prochainement une visite aux USA pour répondre à l'invitation de son homologue américain, M.Eric Holder. Les deux pays ont a priori développé des relations bilatérales satisfaisantes et sont autant concernés par la lutte antiterroriste. La priorité est donnée à la coopération entre les deux pays dans ce domaine. Une coopération qui ne peut être complète dans ce contexte que par une coordination judiciaire entre l'Algérie et les USA. Belaïz prendra part auparavant à la réunion conjointe des Conseils des ministres de l'Intérieur et de la Justice arabes prévue ce lundi au Caire avec à l'ordre du jour la coopération en matière de lutte antiterroriste. La paix et la sécurité dans le monde ainsi que la lutte antiterroriste ont fait également objet de débat à Paris jeudi dernier. Toute l'importance a été focalisée vers la place stratégique du Golfe, une région autant menacée par le terrorisme, d'autant plus que cette région possède un potentiel en matière d'hydrocarbures qui suscitent les intérêts les plus divergents. Cette question a été abordée lors d'un forum international sur la sécurité du Golfe, comme indiqué plus haut à Paris. Lors de cette rencontre, il a été souligné que la sécurité de la région doit être fondée, non pas seulement sur le plan militaire, mais démocratique également et une volonté politique à garantir même la paix. Mais cette paix que le monde recherche ne pourra être garantie sans la résolution du problème de l'occupation de la Palestine par un Etat qu'on appelle Israël. Dans ce contexte, Abdul Aziz Sager, président du centre de recherche du Golfe, avoue que les pays du Golfe manquent de visibilité quant aux perspectives de paix et que la région constitue une proie de toutes les convoitises et souligne: «Nous ne pouvons pas préserver nos intérêts si on n'est pas en mesure de les défendre.» Il va sans dire que l'UE a fait l'objet de reproche, selon lequel elle prête peu d'attention aux doléances de la région et que le seul souci de cette union est concentré sur les potentiels énergétiques du Golfe. Ce qui laisse la région aujourd'hui exposée à la menace d'instabilité sur tous les plans et donnant ainsi l'accès facile aux prétendants en quête de richesse. Pour les participants, inspirés par une doctrine en vogue dans certains milieux, la présence américaine serait l'un des facteurs ayant encouragé l'instabilité dans la région. Les solutions seraient plutôt économiques aux yeux de certains participants, avec l'établissement d'une monnaie unique et l'adhésion du Yémen et du Pakistan au Conseil de coopération du Golfe. Mais peut-on vraiment espérer une sécurité et une paix dans la région avec ces deux propositions, quand les deux pays cités sont devenus un territoire fertile pour Al Qaîda? Une autre réunion est organisée hier en Turquie par le Conseil de l'Europe sur le thème du terrorisme.