Hier encore, le grand réservoir agropastoral formé par Djelfa, Aïn Oussera et Chahbounia exportait la viande vers la France. Puis, la steppe a basculé en proportion avec abandon avant sa réhabilitation. Ainsi, il aura fallu les «coups de semonce» de la facture alimentaire pour que les pouvoirs publics décident un décret déterminant la mise en valeur des terres par la concession. S'il est inutile de s'apesantir sur les infortunes techniques et foncières supportées par la Concession générale agricole (CGA), signalons toutefois que cet organisme a retenu, en octobre 1998, quelque 7467 ha à Chahbounia moyennant un coût financier de 33 milliards de centimes avec création de 3011 postes d'emploi. Les retards constatés sur le terrain ont amené le Haut commissariat pour le développement de la steppe (HCDS) et les autorités wilayales à s'impliquer directement. Pour en savoir plus sur ce programme vital pour les 40.000 habitants de Chahbounia, nous avons sollicité M.Abdelkrim Benkouider, chef de daïra. «Le programme 2000/2001 s'est concrétisé par 22 opérations sur les 25 prévues, soit un taux appréciable de 81,81%. Au titre de la relance économique, nous enregistrons déjà le lancement de cinq opérations hydrauliques. Ce qui présage un rythme de croisière pour les trente autres programmées. Les plantations pastorales et la mise en défend, respectivement 1500 et 400 ha prolongent le plan soutenu étroitement par le HCDS et la wilaya.» Comme pour la daïra de Aziz, les techniciens du HCDS appliquent ici les méthodes modernes de physiologie végétale, évaluent le degré d'hydratation des plantes pour l'efficacité de l'irrigation, mobilisent les ressources hydrauliques et plantent un rideau forestier pour arrêter l'érosion et, à long terme, rétablir l'équilibre bioclimatique. Opération judicieuse d'autant que le déboisement intensif de Chahbounia soumet encore les vastes superficies à différents processus érosifs dont la disparition de milliers d'hectares de couverture alfatière et la régression préoccupante du cheptel et par ricochet, la désintégration d'une économie reposant sur le rapport millénaire steppe-mouton-agriculteur. Sur un autre registre, le développement socio-économique gagne du terrain sur plusieurs fronts. «Une gestion bien pilotée, explique M.Benkouider, qui nous a permis de rouvrir trois salles de soins et réaliser deux nouvelles écoles. De plus, la commune de Bouaïche vient de comptabiliser une entrée fiscale de 300 millions de centimes, sans compter les 40 millions/jour de la sablière récemment réglementée par la wilaya.» Jusque-là durement pénalisée par l'enclavement, la fraction Harakta a bénéficié de 30 km de piste stabilisée alors que 14 autres km sont allés à la RN.40 (opération sectorielle). Chahbounia s'est également dotée d'un standard téléphonique de 512 lignes, d'un futur siège de sûreté parallèlement aux réaménagements et équipements de trois centres culturels, plus un CSP répartis à travers les communes de Boughzoul, Bouaïche et le chef-lieu. Une seule supplique adressée par la population aux autorités wilayales concernera le problème des chutes de tension, l'absence d'une unité de protection civile et la réactivation de la vieille «Nouvelle-Ville» de Boughzoul.