Ce débrayage risque d'avoir de lourdes conséquences sur l'économie du pays. Le spectre d'une paralysie générale du pays plane. Chauffeurs de bus, livreurs de marchandises, taximen et examinateurs d'auto-école brandissent la menace d'une grève nationale illimitée. Ils sont 400.000 à crier leur colère. «Nous allons déposer un préavis de grève dans les jours à venir. Si la situation actuelle des choses perdure, nous observerons une grève nationale», a menacé, hier, Boucherit Abdelkader, président de la Fédération nationale des transporteurs de voyageurs et de la marchandise (Fntvm), lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa),à Alger. Elle a vu la participation d'Ahmed Zaïdi Aoudia, président de la Fédération nationale des auto-écoles (FNA), et de Hocine Aït Braham, président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi (Fnct). Le secteur du transport risque de connaître une forte perturbation à l'échelle nationale. La Fntvm compte plus de 144.000 transporteurs. «Nous avons une moyenne de 3000 adhérents par wilaya», a déclaré M.Boucherit. Si la Fntvm vient à mettre à exécution sa menace, les voyageurs en subiront les conséquences à travers le pays. Les bus déserteront les routes. Et des milliers de passagers quotidiens, passeront de longues heures sur les quais des lignes de transport. M.Boucherit est monté au créneau pour dénoncer le désordre qui règne dans le secteur du transport «C'est l'anarchie!», a-t-il dénoncé. Il a réitéré les revendications de la Fntvm. Il a insisté sur le gel de la décision du gouvernement d'ouvrir de nouvelles lignes aux transporteurs. «Une telle mesure doit être précédée d'une étude qui puise déterminer les besoins du secteur», a-t-il préconisé. Il a, également, mis l'accent sur l'élaboration d'un plan national de transport. «Ce plan assurera un rendement quotidien régulier des transporteurs», a-t-il indiqué. M.Boucherit a, également, revendiqué, l'actualisation des tarifs de transport. «Actuellement, nous appliquons le tarif de 0,25 dinar le kilomètre» a-t-il expliqué. En outre, il a souligné la nécessité de réduire la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). «L'administration doit la ramener de 117% à 7%. En ce sens, elle appliquera la même taxe que celle imposée aux chauffeurs de taxi», a-t-il lancé. Dans ce cadre, le débrayage risque fortement de s'étendre aux taximen. «Nous avons organisé cette conférence pour lancer un dernier appel au ministère des Transports avant de passer à l'action», a annoncé Hocine Aït Braham. Il a déploré la situation de statu quo à laquelle fait face la Fnct. «Nous avons tenu une réunion au ministère des Transports (Fnct, Fntvm et FNA), avec les représentants du ministère, le 21 octobre dernier. Depuis, rien n'a été fait», a-t-il dénoncé. Pis, il a révélé que la tutelle ne leur a pas rendu le procès-verbal de cette réunion. La Fnct compte 140.000 chauffeurs qui exercent aux quatre coins du pays. Il a déploré l'absence d'une réponse du ministère aux revendications de la Fnct. «Nous demandons l'établissement du statut particulier des chauffeurs de taxi», a-t-il insisté. Si les taxis se mettent au débrayage, les voyageurs seront lourdement pénalisés. Ils seront privés de bus et de taxi pour leurs déplacements. Le secteur des transports est dans tous ses états. Le troisième motif de cette grogne ronge est celui des examinateurs. «Si le ministre ne répond pas à nos doléances, nous observerons une grève illimitée», a fulminé Ahmed Zaïdi Aoudia. Ce dernier a insisté sur l'impératif de faire respecter les critères techniques d'examen et d'attribution de permis de conduire. Il a souligné la nécessité de réaliser des circuits d'examens. Aussi, il a insisté sur l'annulation de la candidature libre à ses examens. «Tous les candidats doivent passer par les auto-écoles pour qu'ils soient instruits et formés selon les règles de la conduite», a-t-il maintenu. M.Aoudia a rappelé que la réglementation actuelle offre à ces candidats 23 heures de conduite et 30 heures de code. «Cela est insuffisant», a-t-il affirmé. Il a, aussi, relevé l'importance de ramener l'ajournement des candidats ayant échoué aux examens d'un mois à 15 jours. «Ceux qui ne réussissent pas sont pénalisés par cette mesure», a-t-il signalé. La Fntvm, la Fnct et la FNA sont affiliées à l'Ugcaa. Cette dernière tiendra son conseil national le 27 janvier prochain. Or, ces trois organisations semblent décidées à mettre à exécution leur menace avant la tenue dudit conseil. Si 400.000 transporteurs font grève, cela risque de provoquer un séisme dans le secteur des transports. Les gares, les agences de voyages et les arrêts de transports publics feront face à un torrent humain. Les différents secteurs d'activités risquent d'être paralysés. En un mot, la grève des transporteurs risque de mettre le pays en panne. Une grande inconnue subsiste: quelle sera la réaction du ministère, voire du gouvernement, face à cette menace?