Après 14 mois d'interruption, l'Iran et les pays du groupe 5+1 ont repris, début décembre à Genève, le dialogue à propos du dossier nucléaire. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré jeudi à Istanbul que les prochaines négociations, fin janvier, dans cette métropole turque avec les pays du groupe 5+1, montreront si le différend sur le programme nucléaire de son pays pourra être réglé par la diplomatie. «Nous pensons que ces discussions sont très importantes», a-t-il dit lors d'une conférence de presse après avoir participé au sommet de l'Organisation de la Coopération économique (ECO). M. Ahmadinejad, dont le pays est soupçonné par les grandes puissances occidentales de vouloir fabriquer l'arme nucléaire, a indiqué que l'Iran avait proposé que «la politique de confrontation soit remplacée par celle de la coopération» à Istanbul et ce «dans l'intérêt de toutes les parties» en question. Après 14 mois d'interruption, l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) ont repris début décembre à Genève le dialogue à propos du dossier nucléaire. Ils ont décidé de se retrouver à Istanbul pour poursuivre les discussions. «Dans la politique de coopération nous aurons une situation de gagnant-gagnant. Il n'y aura pas d'échec ni de défaite pour aucune des parties», a estimé le président iranien. Créé en 1985 par la Turquie, l'Iran et le Pakistan pour promouvoir la coopération économique, l'ECO regroupe aujourd'hui dix pays, dont l'Afghanistan et d'autres pays d'Asie centrale riches en pétrole et en gaz comme l'Azerbaïdjan. Le sommet s'est déroulé dans un ancien palais ottoman sur le Bosphore. Il a été précédé mercredi par une réunion des ministres des Affaires étrangères, une occasion pour l'Iranien Ali Akbar Salehi, nommé la semaine dernière au poste de ministre des Affaires étrangères par intérim, de faire sa première apparition internationale. Le programme nucléaire de son pays a été évoqué lors d'un entretien qu'il a eu avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu. Jeudi, ce dernier a refusé un rôle de médiateur attribué à son pays, soulignant que la Turquie se contenterait d'organiser le nouveau round de discussions sur le nucléaire iranien. Mais, a-t-il précisé, «si les deux parties demandaient à la Turquie un soutien quelconque, nous serons toujours prêts à le donner». «L'objectif est clair: éliminer la région et le monde de menaces nucléaires», a-t-il ajouté. M.Salehi conserve aussi ses fonctions de chef du programme nucléaire iranien à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (Oiea). Longtemps considéré comme l'allié d'Israël dans la région, la Turquie s'est rapprochée des pays arabes et de l'Iran, notamment après l'agression d'Israël contre la bande de Ghaza fin 2008 puis son attaque contre une flottille humanitaire destinée à Ghaza qui a coûté la vie à neuf Turcs. Ce qui a quasiment réduit les rapports turco-israéliens au point mort. La Turquie a voté contre de nouvelles sanctions contre Téhéran en juin à l'ONU. Peu avant, elle avait présenté avec le Brésil et l'Iran une proposition d'échange de combustible nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, visant à faciliter un compromis sur le dossier nucléaire, mais qui a été rejetée par les grandes puissances. Une initiative qui a augmenté les interrogations sur le maintien du cap pro-occidental de la Turquie, membre de l'Otan et dirigée depuis 2002 par un gouvernement conservateur.